Chapitre 10

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— Comptes-tu ouvrir cette lettre ?

Il me fixe, l'air sérieux et préoccupé de mon état. Je vais parfaitement bien et je ne vois même pas pourquoi il serait inquiet pour moi alors que nous ne nous connaissons pas !

Relevant vivement la tête, un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je déchire la lettre en deux morceaux distincts. Je sens ses yeux posés sur moi mais je l'ignore en déchiquetant sa fichue lettre en une ribambelle de petits bouts. Je finis par les laisser tomber sur la table et m'occupe à manger ma pomme.

— Qu'est-ce que ce Rewind t'a fait pour que tu le détestes autant ?

L'ignorant, j'apostrophe une domestique lui demandant de me servir un verre d'alcool fort. Elle revient quelques minutes plus tard avec un whisky puant à des kilomètres et j'apporte le verre à mes lèvres, agacée que ce William me fixe toujours autant.

— Il ne m'a rien fait, dis-je en reposant le verre. Je ne veux juste pas lire sa stupide lettre. Tu ferais mieux de t'occuper de tes affaires si tu ne veux pas avoir d'ennuis.

— Tu ne m'effraies pas, Bianca. Je percerai ton petit secret à jour, je m'en fais la promesse.

Je me lève après l'avoir fusillé intensivement du regard et c'est en titubant presque que je sors du palais. L'air frais viens balayer mon short et je commence à voir la chair de poule. Je lève les yeux pour vérifier le temps. Il fait toujours aussi beau et je n'ai qu'une seule envie : me jeter d'un pont.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ?

Je rêve, j'espère ! Cet idiot continue de me suivre. Je l'ignore et descends les marches d'un pas décidé. William me précède, l'air neutre, comme s'il s'en fichait que sa présence m'agace. J'ignore si c'est le fait qu'il soit là ou bien le vent qui me provoque des frissons.

— Tu sais, je pense que cette lettre n'était pas quelque chose de personnel. Ta sœur en a reçue une ce matin aussi de Rewind et je crois que son époux également.

Je m'arrête brusquement et me retourne vers lui, les poings serrés. Ses yeux descendent sur ma poitrine pour revenir directement à mon visage et je le menace :

— Ose encore une fois me regarder de la sorte et je t'arrache tes...

Je ne termine pas ma phrase. William me fixe avec intérêt et saisit délicatement mon bras.

— Pourquoi tu t'es fait ça, Bianca ?

Je baisse les yeux vers les dizaines de marques barrant mes avant-bras et je réalise alors que son contact ne me brûle pas. Il m'apaise. Je ne le repousse même pas. Ses doigts viennent doucement effleurer ma peau nue et sa main me provoque un frisson.

— Je n'en ai jamais parlé...

— Je suis une bonne oreille, tu sais.

Son sourire m'en fait esquisser un petit. Je relève la tête. Il ressemble à un ange, un ange perdu. J'ai l'impression que sa peau est en porcelaine et qu'au moindre mouvement que j'effectuerais, il se briserait en mille morceaux. Ses cheveux bruns me rappellent le goût de l'automne et des feuilles tombées et je pense sincèrement qu'il pourrait être digne de confiance.

Seulement, c'est trop tôt.

— On ne se connaît pas assez pour que j'ai le cran de t'expliquer. Les choses sont mieux ainsi. Eileen a arrêté de poser des questions, tu devrais en faire autant.

— Peut-être parce qu'Eileen n'a pas eu le courage d'aller au bout des choses et peut-être parce que...

— Ah, vous voilà !

Je recule de quelques pas et tourne la tête vers Eileen et Ander avançant vers nous. Ils ont le visage bien rougi et je remarque que le corset de ma sœur est légèrement... défait.

Avant même qu'elle ne prononce un mot, je déclare en montrant du doigt :

— Tes lanières pendent.

Je suis la pire des sœurs. Son visage vire au violet et elle bredouille quelques mots devant William qui a l'air aussi gêné qu'elle. Serait-il du genre timide ? Pour me poser des questions au point de me harceler, je le pense plutôt du type lourd et collant. Un vrai pot de glue, pire que Rewind !

Ander se décale derrière elle pour l'aider alors que je passe une main sur mon visage, exaspérée. William a cette expression nerveuse au visage, les mains liées derrière le dos comme s'il ne savait pas où se mettre. Il est vraiment beaucoup trop contradictoire.

— Enfin bon... Tu as reçu la lettre de Rewind ? demande Eileen en se tournant vers moi, un petit sourire aux lèvres.

— Oui, bien reçue. Et lue attentivement.

Je lui renvoie son sourire en brandissant les deux pouces levés en l'air alors que William s'étouffe à côté de moi. Je l'assassine de mes yeux machiavéliques et prie pour qu'il la boucle. Il n'est pas du genre à parler, j'en suis sûre.

— Tu as vu la nouvelle ? C'est incroyable !

Elle sautille sur place en tapant dans ses mains, euphorique. Elle a changé depuis qu'elle est avec Ander. Elle est plus joyeuse, comme plus apaisée. Bien que le maintien des deux royaumes soit compliqué, d'un côté elle se doit de gérer Ecclosia alors qu'Ander s'occupe de Lucrenda, elle m'a l'air plus en paix et surtout plus posée.

Pour s'occuper des deux pays respectifs, ils ont décidé d'allier leurs deux nations. Par conséquent, des réunions sont souvent organisées entre conseillers. Les gestions de finance, de matériel et le bien-être de la population s'est vue s'accroître des deux côtés. La paix semble s'installer progressivement et c'est une bonne chose.

— Dépêche-toi de préparer tes valises par contre. On décolle demain !

— Oui, bien sûr !

J'opine et elle semble quelque peu surprise mais finit par me prendre rapidement dans ses bras. Elle et Ander s'en vont aptes m'avoir fait un signe de la main et je fronce les sourcils. De quoi parlait-elle au juste ?

Je me tourne vers William qui pousse un soupir, l'air las.

— Tu n'aurais pas pu lui dire que tu as détruite sa lettre ?

— Et puis quoi encore ? Elle croit que je vais mieux, je ne vais pas lui donner une bonne raison de s'inquiéter ! Qu'est-ce que ça disait ?

William hausse les épaules, un air taquin au visage et s'en va comme ça. Il se moque de moi, n'est-ce pas ?

— Sérieusement, là ?

— Tu as de la chance que je ne fasse pas dans le chantage. Nous nous rendons à Imir demain pour le Jeu des Roses.

— Quoi ? Mais le tournoi commence lundi !

— Ton petit chéri nous y a invités en avance, pour les préparatifs.

— Attends... Nous ? Tu n'as pas l'intention de venir quand même...

Il me fixe, l'air mi-amusé, mi-surpris.

— Notre famille participe aussi. Nous seront à Imir dès demain soir, alors prépare tes valises !





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Coucou !

Je poste ce chapitre pour faire un peu avancer l'histoire, plutôt que de le garder indéfiniment

L'idée d'un autre pdv est intervenue en commentaire, et je me suis dit pourquoi pas. Mais en tout cas, pas tout de suite. Ce sera un peu plus tard sûrement.

À bientôt,

Bizz bizz

❤️

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant