Chapitre 8

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Un homme que je ne connais pas me prend dans ses bras. Ses bras qui se referment tout autour de moi comme une barrière protectrice. Ses bras qui m'apportent un peu de chaleur dans mon monde si glacial. Je n'aurais jamais cru, en l'espace d'un an, me sentir aussi... normale. C'est comme si le réconfort qu'il m'apporte suffit à me garder quelques secondes tranquille.

Je suis la première à reculer, gênée. Je ne pleure pas, mes larmes sont tombées trop de fois que maintenant, j'ignore si elles existent encore. Je pose ma main sur mon avant-bras comme pour me calmer et William brise le silence :

— Si tu veux parler...

Il ne finit pas sa phrase. Je me détourne de lui, comme pour rentrer à l'intérieur mais il me rattrape et sa main vient de nouveau saisir la mienne. Je le repousse, furieuse. Bianca est de retour, plus glaciale que jamais, toujours prête à en découdre.

— Ne me touche pas, lancé-je d'un air menaçant.

— Pourquoi...

— Pourquoi quoi ?

Il ne termine jamais ses phrases. Il a le don pour couper la parole aux gens et il n'a jamais l'audace de terminer ses phrases.

— Eh ! Vous venez, on refait une partie ?

Je me retourne en même tant que le voleur d'ombrelle face à Julio qui nous guette au loin. Une pomme à la main, il nous fait un signe de la main avant de rentrer de nouveau à l'intérieur.

Me tournant vers William, je lâche d'un ton glacial :

— Ce sera sans moi.

Et je rejoins l'intérieur du palais, sentant son regard sur moi. Je vais juste aller dormir, et peut-être que cette fois-ci, je ne ferai pas de cauchemar.


× × ×

J'ai pris une douche, ce qui s'est avéré être la meilleure décision de toute ma vie. J'ai enfin pu éliminer ce stupide William de mes pensées. Et j'ai également pu réfléchir à d'autres choses : mon départ pour Ecclosia. Nous sommes mercredi soir, le Jeu des Roses commençant le lundi prochain, il faudrait que je m'en aille d'ici le week-end. Ainsi, je n'aurais pas à participer à ce stupide tournoi, et je serais enfin de retour à la maison.

Je sais que le Jeu des Roses est une tradition mais cette année, il se déroule à Imir et j'ai tout sauf envie de voir Rewind. Ne pas l'avoir vu depuis un an a en quelques sortes refermé mes blessures et je sais pertinemment que si je me laisse succomber à la tentation, je vais faillir. C'est destiné à mal se terminer entre Rewind et moi, nous le savons l'un comme l'autre.

Alors pour le moment, je préfère planifier un futur sûr en m'en allant le plus loin d'ici possible. Avoir le contrôle est la meilleure des sensations, savoir que votre destin est entre vos mains et que tout est calculé est le chemin le plus prudent pour atteindre l'excellence. Plus loin je serais loin de tous ces hommes et mieux je me porterais.

En sortant de la salle de bains, je me dirige directement vers mon lit. Je tire les draps mais quelque chose me retient. Je lève les yeux vers mon balcon puis m'approche de la fenêtre. Chaque soir, j'ai l'habitude de prendre un peu l'air, cela m'apaise en quelque sorte. J'ouvre donc les baies vitrées et m'engouffre à l'extérieur.

À peine suis-je dehors, perchée sur mon balcon que le vent vient balayer ma chevelure. Je ramène mon châle contre moi, mes cheveux tombant lourdement sur mes épaules, formant des boucles soyeuses. Je laisse mon regard se perdre dans la beauté de la nuit, dans le ciel scintillant de milliers d'astres, dans ma souffrance emprisonnée.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant