— Votre Majesté, c'est un immense honneur de vous retrouver en ce jour si particulier.
Eileen s'abaisse en une gracieuse révérence suivie d'Ander et je reste quelque peu en retrait, cachée derrière William. Le roi de Meridia dévisage ma sœur avec une insolence incroyable. Il la regarde de haut, comme s'il était supérieur.
— Et vous êtes...?
Sa voix est rauque et profonde. Il détourne la tête pour jeter un coup d'œil derrière lui, ordonne quelque chose à ses gardes et ceux-ci reculent pour laisser passer la jeune femme. La première chose qui me frappe, ce sont ses cheveux noirs, d'une couleur si foncée. Longs jusqu'à la taille, son visage demeure froid et hargneux, comme si elle ne désirait pas rester ici. Je n'ai qu'à baisser les yeux pour voir ses mains rougies.
— Je suis Eileen de Montancourt, reine d'Ecclosia et épouse de Sa Majesté le roi de Lucrenda.
Eileen arbore un sourire fier aux lèvres, son bras tenant celui d'Ander. Celui-ci hoche seulement la tête à l'adresse du roi de Meridia qui semble complètement désintéressé de cette conversation. Il a l'air plutôt préoccupé.
— Vous ne nous présentez pas votre... invitée ? lance Ander de but en blanc.
Tous les regards se posent sur la jeune femme aux cheveux noirs. Son visage est parsemé de taches de boue et ses grands yeux bleus sont posés sur moi. Le roi de Meridia se tourne, jauge la fille un court instant puis il finit par hausser les épaules.
— Elle ne demeure qu'une simple femme de basse court. Je ne perdrais pas de mon énergie à la décrire.
— Pourquoi l'avoir emmenée alors ? reprend Ander.
Le roi de Meridia le juge de haut en bas, l'air mauvais. Son nez se retrousse et il réplique d'un ton contrarié :
— Parce que je compte participer avec elle à ce maudit tournoi, peu importe son rang. Si vous voulez bien m'excuser, j'ai des affaires à régler.
Puis d'un signe de main, il ordonne aux soldats de déguerpir. Il fait ensuite volte-face et s'en va d'un pas pressé. La jeune fille est alors emmenée par les deux gardes et un silence s'écoule pendant quelques secondes.
— Cet homme est fou, déclare Eileen. Quelle idée d'amener une femme qui ne veut pas de lui à Imir sérieusement !
— Peut-être qu'il avait de bonnes raisons, dit Ander en se grattant le menton.
Je me décale quelque peu de l'épaule de William puis Eileen conclut cette conversation en se frottant les mains.
— Je devrais me préparer pour le déjeuner. Et tu devrais en faire de même, Bianca. (Elle se tourne vers moi :) D'ailleurs, je dois te glisser quelques mots.
Elle s'avance, me prend par la main pour m'emmener un peu plus loin, laissant Ander et William seuls. Sur le moment, elle ne dit rien et pousse juste un petit soupir. Elle s'amuse alors à remettre le col de ma robe en place puis sa main vient dégager mes cheveux d'un geste maternel.
— Qu'est-ce qu'il y a ? lancé-je pour couper rapidement court à notre entrevue.
J'ai tout sauf envie qu'elle me fasse la morale sur mon comportement dernièrement. Et c'est à ma plus grande surprise qu'elle s'approche et me serre dans ses bras à m'en étouffer presque.
— Tu me manques, Bianca.
Et ça me réchauffe le cœur. Ça me saisit à la gorge parce que je sais au plus profond de moi que je ressens le même manque qu'elle. Je brûle d'envie de lui parler de mes sentiments, du chaos dans mon cœur ces derniers jours mais je n'en fais rien. Je retiens. Je pare. J'arme mes soldats postés aux remparts.
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2
عاطفية« Et quand mon monde s'écroule, la seule solution pour moi est de m'accrocher. À n'importe quoi ou à n'importe qui. J'ai eu le malheur de me rattacher à lui. » Un an s'est écoulé depuis les tragiques événements survenus au palais, un an que Bianca...