Chapitre 33

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Point de vue Rewind :

— Tu m'expliques ce qui t'es passé par la tête ? s'écrie Victoria.

Je suis las de l'entendre me sermonner depuis dix minutes. Les mains encore endolories, je saisis de mes doigts fébriles mon verre et en bois le contenu. L'alcool me brûle la gorge en même temps que je parcours des yeux la robe qu'elle porte en ce moment même. D'un rouge pourpre, elle moule son corps à la perfection. Ses colliers lui tombent sur la poitrine et tintent en même temps qu'elle s'agite dans tous les sens.

Je reprends une gorgée, le regard perdu dans le vague et elle continue :

— Arrête ! Tu vas finir ivre. Enfin, Rewind ? Je ne t'ai pas connu comme ça.

Sa voix aigue me brise les tympans. Je rêve de celle de Bianca en ce moment même qui me chuchote des obscénités à l'oreille. Je rêve de la robe de Bianca, de ses mains sur mon corps, de son visage d'ange qui me sourit chaque matin. Je rêve d'elle, depuis un an déjà et le temps commence à faire long. J'avais pensé qu'avec Victoria, les choses se seraient tassé mais rien n'y fait. J'ai l'image d'un ange doré bloqué dans mon esprit.

— Il m'a énervé, rien de dramatique.

— Il est le prince de Socrenia ! Tu connais parfaitement mon père, tu sais comment il réagira lorsqu'il apprendra ce que tu as fait. S'il n'était pas pour notre mariage, il est évident qu'il le sera encore moins maintenant !

— Alors cessons ce mariage.

Ma voix est rauque, profonde. Je lève les yeux vers elle en prenant une grande inspiration. Son visage se décompose. Littéralement. Sa beauté se fige et elle ouvre la bouche.

— Rewind... Notre mariage est prévu la semaine prochaine. Que dis-tu ?

Je passe une main sur mon visage de nouveau. J'ai mal aux mains, j'ai sommeil et dans l'idéal, ce n'est pas elle que j'aimerais voir en ce moment même. Elle m'épuise. Les femmes sont épuisantes.

— Écoute, je suis fatigué. On en reparlera demain.

— Hors de question ! Tu as pensé tes mots alors explique-toi.

Je ne veux pas lui faire de peine. À dire vrai, voir le visage triste de Bianca tous les jours me suffit amplement. Et pourtant, je meurs d'envie de lui avouer que je ne veux pas l'épouser. Qu'à chaque baiser que nous échangeons, j'imagine embrasser Bianca. Bianca... Bianca... Bianca... Elle a une manière à elle d'embrasser qui me rend fou. Et j'ai beau n'avoir goûté à ses lèvres qu'une seule fois, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais.

Alors sans plus tarder, je me lève. J'enlève ma veste taché du sang de l'autre imbécile et la pose sur le siège. Je déboutonne ma chemise alors que Victoria est furieuse. Elle fait les cent pas dans notre chambre en me répétant dix fois qu'elle veut des explications et que je ne m'en sortirai pas aussi facilement mais je ne réponds rien. Je pousse des soupirs de temps à autre, ce qui l'agace fortement et alors qu'elle s'apprête à crier mon nom une nouvelle fois, trois coups toqués résonnent à la porte.

Sauvé par le dong, je me précipite pour aller ouvrir, ravi qu'un événement soudain vienne enfin m'éloigner de Victoria.

Mon sourire se fige aussitôt lorsque mes yeux rencontrent ceux de l'imbécile que j'ai tabassé. Je vais pour refermer la porte mais il place son pied dans l'embrasure. Il me lance un sourire narquois en déclarant :

— Je repasserai pour les excuses.

— Ne repasse même pas, tu n'en auras jamais.

— Ne t'en fais pas pour ça, je m'en doute déjà. Tu peux ouvrir ? C'est important.

Je jette un coup d'œil par son épaule pour voir si Bianca n'est pas cachée quelque part mais aucun signe d'elle. C'est avec regret que j'ouvre la porte, le laissant entrer.

Je n'ai pas loupé mes coups. Son œil gauche formé une grosse tache violette et ses lèvres sont en sang. Encore. Je fronce les sourcils. La blessure devrait déjà s'être refermée, non ? Et puis, je comprends.

— Un problème ? lance-t-il de but en blanc.

Quand il réalise que je fixe sa bouche, un autre sourire se peint sur son visage.

— Bianca est très douée.

Alors, une colère noire monte en moi. Celle de savoir qu'il a posé ses mains sur elle, qu'elle l'a embrassé et qu'il a apprécié. Celle d'être impuissant et de voir celle que j'aime prise par un autre.

Victoria a beau se racler la gorge derrière moi, je n'arrive pas à me calmer. Je la vois du coin de l'œil poser son diadème en même temps que je prends la parole :

— Qu'est-ce que tu veux, William ?

J'insiste sur son prénom parce qu'il me répugne. Il m'inspire tout ce que je n'aime pas et et je ne lui fais absolument pas confiance. J'ai l'impression qu'il cache plus de choses qu'il ne veut laisser penser, et j'ignore si Bianca a aussi cette impression.

— Bianca est en danger. Elle a reçu une lettre aujourd'hui de son oncle l'invitant à venir à Ecclosia, et ce dans le but d'épouser un homme. Il promet de discuter avec elle pour tenter d'apaiser les tensions là-bas. Elle pense sauver son pays, mais elle va se jeter dans la gueule du loup.

J'éclate de rire en même temps que William fronce les sourcils. Visiblement, il ne trouve pas ça drôle.

— Impossible. Son oncle s'est fait tué l'année dernière d'un coup d'épée dans le ventre par Ander. Nous étions là pour le voir.

— Visiblement, il n'est pas mort. Ou bien quelqu'un tente de se faire passer pour lui.

Un silence s'installe. Je me rassois sur mon siège en même temps que Victoria lève les yeux au ciel en s'éclipsant dans la salle de bains. Je sais qu'elle ne se sent pas concernée par toute cette histoire. Ecclosia et Lucrenda sont à des milliers de kilomètres de son pays. Nous n'avons pas les mêmes cultures, les mêmes racines.

— Que veux-tu que je fasse de ces informations ? Bianca fait ce qu'elle doit faire.

William ouvre la bouche, outré et moi-même je suis choqué des paroles que je viens de sortir. Néanmoins, je ne laisse rien paraître. Je dois avancer. J'ai beau être obsédé par cette fille, je dois me faire une raison.

— Je suis en train de t'expliquer que Bianca se dirige tout droit dans un piège. Tu n'éprouves donc pour elle aucun sentiment au point de vouloir son bien ?

Je serre les poings, agacé et me remets debout. Dans un élan de colère, je m'approche de William et le saisis par le col sans le moindre effort.

— Bianca t'a choisi toi. Si elle a besoin d'être sauvée, elle le sera grâce à toi. Maintenant, déguerpis d'ici. Je ne m'intéresse plus à elle, de près comme de loin.

Je le relâche en même temps qu'il riposte d'un ton glacial :

— Ta jalousie te détruit, Rewind. Elle a vécu le pire des enfers à Ecclosia en attendant d'être sauvée. Elle est seule depuis un an, et tu n'as pas été une seule fois là pour elle quand elle avait besoin de toi. Et maintenant qu'elle s'apprête à revivre cet enfer une seconde fois, tu prétends t'en ficher ? Tu n'as donc aucun cœur, aucune âme ?

Le pire des enfers... De quoi parle-t-il ? Il sait des choses que je ne sais pas et cela me rend fou. Bianca a préféré se confier à lui. Je n'ai jamais été là pour elle et maintenant, je mords la poussière.

— Elle ne s'en sortira pas cette fois.

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Yo ! Ça fait longtemps, je sais :)

J'ai 3 chapitres d'avance alors je vais bientôt les poster et j'ai de nouvelles idées pour la suite ! J'essaierai de m'y remettre ce soir.

En attendant, n'hésitez pas à commenter et à voter, ça fait toujours plaisir !

Bizz bizz

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant