𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2

Chapitre 22

J'aurais dû les écouter lorsqu'ils parlaient du shopping. Eileen et Ander ont décidé de nous séparer en deux groupes : eux avec Lina et Therys et je me retrouve avec William, Rewind et Victoria. Cela n'a jamais été une bonne idée et je suis certaine qu'ils l'ont fait exprès.

Le trajet dans la voiture s'annonce interminable. Rewind fixe le paysage par-delà la vitre alors que Victoria lui tient la main en me lançant des grands sourires. Ou bien, cette fille est stupide et ne comprend pas que quelque chose se trame entre moi et son fiancé, ou bien elle le fait exprès. William a tenté de me faire la discussion au début mais il a très vite compris qu'un malaise était perceptible entre nous tous alors il a fini par se taire.

Et pourtant, Victoria doit briser le silence de nouveau, pour mon plus grand malheur :

— Alors, Bianca, sur quelles épreuves mises-tu toutes tes chances ?

Elle a une prestance dans la voix qui m'agace. Elle a ce quelque chose plus qui me rend totalement jalouse. Aujourd'hui, elle a attaché ses cheveux en un vaste chignon au-dessus de sa tête et porte une longue parure en or accordée avec son diadème. Sa longue robe pourpre met bien en valeur sa taille, faisant ressortir sa poitrine.

Je décide de relever la tête. Je ne changerai pas mes manières pour cette potiche alors je réponds d'une voix distante :

— Sûrement la course.

— Oh, tu aimes courir ? Moi aussi !

Je me retiens de grimacer et lui balance mon plus beau sourire hypocrite que je possède en mon fort intérieur.

— J'avais l'habitude de faire mon sport aux abords du palais d'Arthen. Je devrais te faire visiter un jour, c'est merveilleux ! Personnellement, je mise tout sur l'épreuve équestre et le tir à l'arc, n'en parlons même pas, je suis désastreuse... Tu dois posséder des chevaux à Ecclosia, n'est-ce pas ?

Si j'écoutais la petite voix dans ma tête, je me moquerais d'elle en l'imitant mais je me retiens. J'ai dix-huit ans et je dois me comporter comme une femme respectable et parfaitement polie. Une vraie princesse, parce que c'est ça au final. Je suis destinée à rester assise toute la journée à côté d'un prince, à remplir mon rôle de lady et à enfanter. Quel fantastique dessein.

Victoria me fixe, dans l'attente d'une réponse et j'en oublie totalement sa question. C'est à ce moment que William intervient :

— Bianca a peur des chevaux, je ne pense pas que l'épreuve équestre soit sa préférée.

Je relève la tête en même temps que Rewind se désintéresse du paysage pour reporter son attention sur le prince de Socrenia. Et alors, mon cœur s'emballe. Il l'observe, l'air mauvais, une pointe de dégoût apparaissant sur son visage.

— Oh, vraiment ? Et tu n'as jamais pensé à aller affronter cette peur ou bien... J'ai entendu parler d'une femme à Meridia qui soigne les maux et maladies.

— Avoir peur des chevaux n'est pas une maladie, ajoute William sans me laisser parler. Bianca n'a pas besoin de consulter.

Je m'attends à ce qu'il s'énerve mais il n'en fait rien, il reste poli et Victoria lui renvoie son sourire. En revanche, c'est Rewind qui réagit cette fois-ci :

— Pour qui te prends-tu ?

Et sa question laisse un silence interminable planer autour de nous. Je le dévisage mais il n'a d'yeux que pour William. Son regard est si noir, si obscur que quelque chose s'anime en moi. Je sais très bien ce que cache sa question. Mais elle n'a pas lieu d'être.

— Excuse-moi ? relance William.

Je dois apaiser les cœurs. Je pose alors ma main sur l'avant-bras de William qui se détourne du fauteur de troubles pour se pencher vers moi. Il est si proche que son souffle se mélange au mien et je fronce les sourcils. William est d'une beauté à couper le souffle.