Chapitre 19

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PDV Bianca
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J'ai emmené un livre dans le jardin. L'apéritif est en fait un repas nocturne et Eileen m'a prévenu que nous allions rester ici plutôt tard. Il est bientôt vingt-et-une-heure et le soleil est en train de se coucher à l'horizon. Je me suis assise sur un banc un peu plus loin et qui donne une vue indétrônable sur la mer.

D'habitude, je n'aime pas lire, c'est plutôt la passion d'Eileen. Mais apparemment, ce livre est une merveille alors il va bien falloir que je m'y mette un jour ou l'autre. Et puis, si je n'aime pas, je pourrais toujours arrêter au bout de dix pages. Je n'ai jamais été trop courageuse dans la vie. C'est encore quelque chose dont à hérité ma sœur. Elle se jetterait tête baissé dans un combat, si ce n'est pour atteindre un but. Avoir le dernier mot, savoir tout sur tout, là est son objectif.

Moi, je préfère me faire discrète. Discrète mais sensationnelle, sensationnelle mais distinguée.

— Attrape !

Je n'ai pas le temps de me retourner qu'un pomme atterrit directement sur mes cuisses. Je la prends dans mes mains et ne bronche pas lorsque Julio vient s'installer à côté de moi, un chat dans les bras.

— Julio ? Mais qu'est-ce que tu...

— C'est Pop's. Tu veux le prendre ? Il est très câlin. Il griffe un peu mais ne t'inquiète pas, Rewind a des sparadrap !

Je fronce les sourcils alors qu'il tend les bras pour me donner le chat. À ce niveau-là, cet animal est un dinosaure. Il est aussi énorme que Tic et Tac rassemblés. Lorsqu'il atterrit sur mes cuisses, il pousse un miaulement venu tout droit des abysses de l'océan.

— Tu ne viens pas manger ? me demande Julio en croquant dans sa pomme.

— Je n'ai pas très faim.

— Mmh... Eileen te cherche, je crois.

Et il s'en va. Littéralement. Il se lève et m'abandonne avec un gros pâté sur les jambes et je l'interpelle mais il m'ignore. Je tente de soulever l'animal mais celui-ci me lance un regard méprisant en feulant comme un attardé. Je déteste les animaux.

— Un coup de main, peut-être ? lance une voix derrière moi.

William se dessine derrière les arbres et contourne le banc pour venir directement s'assoir à la place de Julio.

— Non, je m'en sors parfaitement.

Il me regarde me battre avec le démon sur mes genoux et j'essaie de le soulever par tous les moyens. Je bataille pendant des minutes avec le monstre et William lâche un rire en me voyant faire. Il tente de m'aider mais je le fusille du regard.

— Si c'est une technique pour te rapprocher de moi, tu peux toujours aller voir à Ecclosia si j'y suis.

— Je veux juste t'aider.

Tout ce que je récolte, c'est des dizaines de griffures de part et d'autres, sur mes jambes et mes bras. N'en pouvant plus, je laisse William m'aider et en une seconde à peine, il le prend dans ses bras pour aller le poser par terre. Après des dizaines de feulement, le chat s'en va. Je grimace en remontent l'ourlet de ma robe.

Ce monstre a rouvert mes blessures et ça me cause une douleur atroce. Cela fait plus mal que quand on se les inflige soi-même, je l'avoue.

— Tu me diras un jour pourquoi tu t'es fait ça ?

Le soleil se couchant progressivement, sa lumière vient illuminer mon visage et je lève les yeux vers William. Il est vraiment beau. Pas du genre beau où tout le monde le trouverait canon, mais dans le sens où il dégage une aura positive, quelque chose qui me pousse à aller vers lui.

— J'ai eu quelques problèmes l'année dernière, déclaré-je alors. Rien de grave.

— C'est à cause de Rewind que tu t'es fait ça ? demande-t-il en les désignant d'un signe de tête.

— Non !

J'ai parlé un peu trop vite. Ses yeux me scrutent et il se met à sourire en baissant la tête, comme si ce que je venais de dire confirmer ses pensées. Un petit silence s'écoule durant lequel aucun de nous deux ne parle. Je profite de sa présence, autant que je le peux parce qu'au final, à la fin de la journée je serai toujours aussi seule que ce matin.

— Je dois te montrer quelque chose.

Il se lève et retire sa veste. Je le regarde faire, les mains liées et me fige lorsqu'il commence à déboutonner sa chemise.

— Encore une technique de séduction ?

Ses lèvres s'étirent et son sourire m'éblouit de plein fard. Ses doigts se mettent à la tâche lentement et je fronce les sourcils.

— Ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de voir, William !

Mais il ne m'écoute pas et bientôt, sa chemise s'ouvre, dévoilant de fines marques sur son torse. À quelques mètres de moi, je reste assise sur le banc, la bouche légèrement ouverte. Les cicatrices sont devenues blanches avec le temps, à la différence que les miennes sont toujours plus ou moins rouges.

— Comment tu...

Je ne finis pas ma phrase, le nez plissé. C'est affreux. Ses marques doivent bien faire une dizaine de centimètres et elles ne sont pas régulières.

— Comment je me suis fait ça ? Ou plutôt, par qui ?

J'acquiesce lentement, en quête de réponses. Il reboutonne sa chemise et explique d'un ton calme :

— Mon père ne m'a jamais aimé, tu sais. Il n'avait d'yeux que pour Therys, l'héritier au trône. Il me rappelait chaque année, durant mon anniversaire, où était ma place. Ma mère n'a jamais bronché. Mon frère a fermé les yeux.

— Mais c'est ignoble ! m'offusqué-je. Quel père infligerait ça à son enfant ?

William hausse les épaules et se rassoit à côté de moi. Je suis là à le dévisager mais il ignore mon regard. Il fixe l'horizon, le visage doux, comme si la rancœur n'avait jamais existé.

— Un père qui n'aurait souhaité qu'un seul et unique fils. Il pensait que je nuirais au destin de mon frère mais je n'ai jamais protesté, Bianca. Je suis toujours resté en retrait, à me demander si ce que je faisais était juste.

Et un long silence s'installe. Je me sens gênée face à lui, comme si ces révélations allaient changer ma vision que j'ai de lui.

— Tu n'as aucun esprit de vengeance ?

Il se tourne vers moi, un sourire triste aux lèvres. Je rêve de le lui hôter.

— À quoi bon ? Il est mon père, je suis son fils. La rancœur est un poison, Bianca. Mais parler des choses aide à avancer. Tu ne pourras pas éternellement te murer dans ton silence. Il y a un jour, proche soit-il, où tu finiras par exploser. Où tu auras besoin de relâcher la pression et ces émotions que tu refoules depuis des mois. Et quand ce jour arrivera, je serai là pour te soutenir, quoiqu'il arrive.








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hey hey

le prochain chapitre sera un peu plus long, environ 2,8k de mots et je le posterai sûrement demain si j'arrive à prendre de l'avance

bizz bizz

♥️

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant