Family [ F1]

Chapitre 1

Avant propos

Un rapide avant propos avant que vous ne commenciez réellement la lecture. Certains sujets qui peuvent choquer vont être abordés dans cette histoire. Rien ne sera trop décrit, mais il y aura de la violence conjugale au sein de l'histoire. Il sera également question - sans que rien ne soit décrit - de consentements douteux, presque forcé. Je tiens à préciser que je n'ai rien contre personne - sauf un certain pilote mais mes convictions m'empêchent de l'apprécier - et que les "méchants" dans cette histoire ont été choisis un peu au hasard. Bonne lecture à ceux qui commenceront l'aventure.

Esteban Ocon

16 avril 2021

Je me laisse tomber dans le lit et souffle longuement. Putain ! La journée ne s'est pas du tout passé comme prévu. Mon accrochage avec Checo m'a secoué plus que je ne l'aurais voulu et mes côtes me tire depuis. La porte de ma chambre d'hôtel s'ouvre et je m'assois rapidement. Lawrence sourit en me voyant faire et arque un sourcil.

Lawrence – Tout va bien ?

Esteban – Hum hum. Normal.

Lawrence – Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Perez ?

Esteban – On s'est mal compris. Ma roue avant droite a touché son pneu arrière gauche. Ou l'inverse. Enfin : nos voitures se sont touchées.

Je hausse les épaules et il s'approche. Quand il tend la main, je réagis à l'instinct et recule vivement. Il fronce les sourcils et j'avale difficilement ma salive. Quel con ! C'est pas possible d'être aussi stupide...

Lawrence – Je voulais juste glisser une main dans tes cheveux.

Esteban – Je sais. Pardon.

Je mord ma lèvre et il lâche un rire amer avant de s'éloigner. Alors que je pense être hors d'atteinte, il m'envoie un revers qui fait tourner ma tête. Je serre les dents pour ne pas broncher alors même que ma joue me brûle. Il va vers la salle de bain et je souffle.

Lawrence – Ne pousse pas ta chance, Esteban.

Esteban – Désolé. Excuses moi.

Il entre et claque la porte, me faisant sursauter. J'entends l'eau de la douche s'allumer et je me lève pour me changer. Mon manque de subtilité m'a probablement retiré le privilège d'aller me laver, de toute façon. Je lance un regard vers le miroir et vérifie qu'il n'a laissé aucune trace sur la zone qu'il a frappé. En général, il évite le visage en sachant pertinemment que s'il me marque, les membres des teams, les pilotes et les journalistes vont se poser des questions. Il n'a aucune envie que Fernando fouine dans nos affaires d'un peu trop près et j'en ai conscience. Lance l'a déjà fait et j'ai pris la dérouillée de ma vie.

Lawrence – Apporte moi mes fringues !

Je me dépêche de les prendre et de les lui emmener. Quand j'entre, sa main trouve aussitôt mon cou qu'il serre légèrement, sans aucune douleur, juste pour me prouver sa supériorité.

Lawrence – Tu vas commander un truc à manger. Ne te foire pas dans la commande.

Je fais un signe affirmatif et il lâche ma nuque, récupérant les vêtements que je lui ai ramené. Il me pousse hors de la pièce, claque la porte et s'enferme à clé alors que je vais fouiller dans les prospectus que j'ai. Je commande rapidement dans son restaurant italien préféré et les remercie. L'homme qui partage ma vie sort de la salle de bain et me détaille du regard.

Lawrence – T'as commandé quoi et pour combien de personnes ?

Esteban – J'ai commandé que pour toi. Ton plat préféré dans ton resto préféré.

Lawrence – C'est bien ! T'as au moins eu la présence d'esprit de savoir que tu avais merdé et que tu ne mérite ni douche, ni bouffe.

Esteban – J'ai piloté et...

Lawrence – Et quoi ?

Esteban – Je... J'aurais voulu... Au moins prendre une douche, s'il te plaît.

Il se positionne juste devant moi et je déglutis.

Lawrence – Je crois que tu as oublié quelque chose... Tu n'es pas décisionnaire, ici. Si tu n'avais pas soufflé, tu prendrais une douche. Tu connais le prix à payer quand tu me manques de respect.

Esteban – Je me rattraperais autrement... S'il te plaît. Je... je t'en supplie, Lawrence. Je t'en pries.

Un sourire mesquin apparaît sur ses lèvres et je sais à quel point je suis pathétique de le supplier de la sorte. Je devrais l'envoyer chier. Je devrais aller prendre une douche en m'enfermant à clé. Je pourrais le faire. Je pourrais. Mais je n'en ai plus la force. J'ai déjà essayé de m'éloigner. J'ai toujours fini par revenir vers lui. Et il me le faisait payer au centuple. Alors je ne prendrais plus jamais le risque. Pas sans un vrai plan.

Lawrence – J'adore t'entendre me supplier.

Esteban – Je te jure de faire ce que tu veux. J'ai juste besoin d'une douche...

Lawrence – Vas-y. On parlera de ce que tu me dois en retour quand tu auras finis.

J'attrape une tenue propre et fonce dans la salle de bain, verrouillant derrière moi. Je me laisse glisser contre la porte, les mains tremblantes. Je sors mon portable et réponds aux quelques messages que j'ai pour que personne ne se posent de questions. Quand mes mains ne tremblent plus, je ferme les yeux et souffle doucement. Il faut que je garde les apparences. Il faut que tout le monde pense que tout va bien. Je dois être le parfait petit soldat qui ne montre rien. Celui qui cache sa peine et sa douleur sous des tonnes de sourires qui paraissent tous plus vrais les uns que les autres.

Quelques minutes plus tard

Quand je sors de la salle de bain, je n'ai aucune idée du pourquoi du comment, mais je me prends un coup dans l'estomac qui me fait me plier en deux. Mon épaule rencontre bientôt le sol et je sais que quelque chose à merder pendant que j'étais sous l'eau. Soit j'ai été trop long, soit la commande est arrivée trop froide, soit quelque chose l'a contrarié. Il me frappe à plusieurs reprises avec son pied et je tente d'étouffer un maximum les grognements de douleurs qui ont envie de sortir hauts et forts. Quand il s'arrête, je lève les yeux vers lui avant toute chose. Si je bouge alors qu'il n'a pas terminé, je vais vivre un enfer encore bien pire que celui dans lequel je suis déjà. Ma gorge se serre violemment quand je vois le geste qu'il est en train de faire. Il va me massacrer.

Esteban – Je...

Lawrence – Si tu ne la ferme pas, je ne vise pas. Tu préfères avoir à expliquer à tes collègues pourquoi tu as des traces sur le visage ?

Je secoue la tête et recule pour me coller au mur, comme un débile. Je suis devenu une proie encore plus facile pour lui. Le premier coups claque fortement et je ferme les yeux, priant pour que ça se termine vite.