Chapitre 15

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Esteban Ocon


Je me réveille en sursaut et regarde autour de moi, perdu. Rien ne vient : pas de bruit, pas de mouvement. Je fronce les sourcils et tâtonne autour de moi avant de me rendre compte que je suis seul. Je tends le bras et je grogne de douleur quand mes côtes me font mal. La porte s'ouvre doucement, laissant un peu de lumière du couloir entrer. Le regard de Pierre croise le mien et je me souviens de tout, soudainement. Je suis dans son motorhome.

Pierre – Tu vas bien ?

Esteban – Juste un petit cauchemar... Et j'étais un peu perdu... Désolé de...

Pierre – Eh... Non. Ne t'excuse pas, Este. C'est pas grave. Je venais justement te réveiller pour m'assurer que t'étais encore en vie.

Esteban – Je le suis toujours.

Pierre – Nausées ? Maux de tête ?


Je secoue la tête et il pointe le lit du doigt.

Pierre – Je peux venir m'asseoir un moment avec toi ?

Esteban – Bien sûr.


Il s'approche et m'aide à me mettre en position assise avant de s'installer juste à mes côtés.

Pierre – Tu veux m'en parler un peu ?

Esteban – T'es adorable, Pierre, mais... Je... J'ai pas très envie.

Pierre – Je comprends. Ne t'inquiète pas.

Esteban – Mais c'est très gentil d'avoir proposé.


Il me sourit doucement. Mon cerveau se concentre sur le moindre de ses faits et gestes, près à se protéger s'il en a besoin. Même si je sais qu'on parle de Pierre et qu'il est trop adorable pour me faire le moindre mal contrairement à moi, quand on était en karting. Il pose sa tête contre le mur et je tourne la tête pour le regarder, plus ou moins en face.

Esteban – Je suis désolé.

Pierre – Désolé ?

Esteban – Pour toutes les crasses que je t'ai fait quand on était en karting. Traverser l'herbe pour te qualifier plus loin que prévu, par exemple. Ou m'accrocher avec toi simplement pour que tu ne gagnes pas. C'était... C'était bas...


Il a détourné le regard et souffle. Je me décale légèrement sur le côté quand je me rends compte qu'il s'est tendu. Il fronce les sourcils et me lance un regard avant de, lui-même, s'éloigner de moi.

Pierre – Désolé, je voulais pas te faire peur.

Esteban – C'est moi, ne t'inquiète pas. T'as rien fait.


Le silence s'installe quelques secondes et je n'ose pas le briser.

Pierre – Je peux pas te dire que tout sera oublié. C'est impossible. Mais on peut essayer de se parler sans avoir envie de se tuer. Je suppose que ça ne sera pas simple, mais je veux bien essayer.

Esteban – Merci.


Il me sourit et tend le bras. J'ai un mouvement de recul et il ramène sa main à lui, une lueur de colère passant dans son regard.

Esteban – Pardon. Je suis désolé. Vraiment désolé.


La colère s'efface pour laisser place à la tristesse.

Pierre – C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû me souvenir que ce mouvement n'était pas OK du tout. Je suis désolé.


On souffle de concert et il se lève. Je tente d'éviter un quelconque mouvement alors qu'il descend du lit.

Pierre – Essaye de te rendormir. Je repasserais dans deux heures.


Il me sourit doucement et sort de la chambre. Je me rallonge et je fixe le plafond. Bordel... Je vais avoir du mal à ne plus avoir ces mouvements.

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