Chapitre 9

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Esteban Ocon

Je le regarde remettre sa ceinture en place en silence et j'hésite à bouger. Quand je vois qu'il ne me prête plus d'attention et qu'il s'installe dans le canapé, un verre de bourbon à la main, je m'assois en retenant un gémissement de douleur. Verstappen est débile. Complètement stupide. C'est de sa faute si ce soir, j'ai eu le trois à une branlée magistrale.

Lawrence – Tu connais le blabla, Esteban.

J'appuie mon dos contre le mur et ferme les yeux. Bien sûr que je le connais. Je ferme ma gueule même quand il me pose une question directe sans me donner l'ordre de répondre. Je ne mange pas. Je ne dors pas. Tout ça à cause de Max. Je passe une main sur mes lèvres et remarque du sang. Le premier coup que j'ai pris a touché le nez. Les autres ont évités le visage.

Lawrence – Commande moi à manger ! Prends moi ton plat préféré.

Je me redresse difficilement, mon poignet droit me faisant un mal de chien. J'attrape mon portable et commande, les yeux fermés pour essayer de calmer la nausée qui m'a prise dès que j'ai été sur mes pieds. Des mains se posent sur mes hanches et je sursaute légèrement. Quand j'ai raccroché, il embrasse mon épaule.

Lawrence – Tu as le droit à une douche. Le temps que tu veux. Je ne te flique pas sur le sujet, aujourd'hui. Insiste bien sur ta joue gauche. Je ne veux plus une seule trace de Verstappen sur toi.

Il s'éloigne et je me dirige vers la salle de bain. Quand je retire mon haut, je peux voir les différents hématomes qui couvrent mon torse. Les zébrures qu'on laisser sa ceinture n'ont pas encore eu le temps de marquer en violet étrange, mais elles sont rouges vives. Je ferme à clé et me laisse glisser contre la porte. Je devrais en parler. Je le sais. Mais à chaque fois que j'en ai envie, je me souviens que sur le paddock, j'ai peu d'amis. Lance, mais je ne peux pas lui dire que son père est un tordu qui me cogne dessus. Pierre, je l'ai perdu il y a des années. Charles a toujours été plus ami avec Pierre qu'avec moi. Les autres ? Impensable. Dan, Checo et Fernando sont ou ont été mes coéquipiers, pourtant. Je devrais me confier à l'un d'eux. Mais si je parle à Checo ou Dan, ça va remonter aux oreilles de Verstappen et je n'ai pas envie qu'il me voit comme une petite chose faible. Même si c'est visiblement ce que je suis. Je pose ma tête contre la porte et tente de ravaler les larmes qui me montent. Il y a longtemps que j'aurais dû parler. Il y a longtemps que j'aurais dû trouver refuge quelques part ailleurs. Dans ma famille ? Ils sont pas super ouverts d'esprits mais ils m'auraient aidés quand même. Bon... Peut-être pas Ilan qui a toujours du mal à accepter mon homosexualité – mais qui n'en a aucun avec celle de Alexyan – mais ils auraient été là. Pourtant, je me suis tût comme un idiot.

Un coup est fortement cognée contre la porte et je sursaute, mon coude tapant sur un hématome et je grimace. Je me redresse et m'apprête à allumer l'eau, mais les quelques mots qui me parviennent me fige.

Lawrence – Ouvre la porte, petit con ! Je vais te faire passer l'envie de parler à d'autres mecs !

Alex. Je parle énormément avec le pilote Moto GP en ce moment. Et j'ai bêtement laissé mon portable à la portée de Lawrence. Il tambourine à la porte et je ferme les yeux. Bordel ! J'ai un don pour me foutre dans la merde, c'est dingue. Si j'ouvre cette porte, cette fois, il va me tuer pour de bon. Sauf si je lui promets de faire tout ce qu'il veut. Mais pour une douche, il m'en a déjà fait baver, en Italie, il y a un mois. J'ose même pas imaginé. Je n'en peux déjà plus rien qu'à l'idée de devoir à nouveau me soumettre à ses petits jeux pervers. Je m'assois au sol et me colle à l'opposé de la salle de bain par rapport à la porte. Je pose ma tête contre le mur et je souffle longuement. Putain quel con !

Family [ F1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant