Chapitre 9 : Karma

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Jean et moi avions nettoyé la grange de fond en comble toute la journée et le reste de la bande nous avait gentiment aidé. Après avoir pris une douche bien chaude, pour me récompenser de ces efforts je retournais dans ma chambre. Couchée sur mon lit luttant pour ne pas m'endormir avant le dîner, je laissais mes yeux se balader sur la pièce.


Lorsque que mon regard se posa sur le bureau, je me rappelais de l'argent que Levi m'avait rendu : je l'avais laissé dans l'un des tiroirs. Je me relevai et pris la liasse que je décidai de recompter. Je me rendis compte qu'il y avait plus que prévu : une centaine de plus.

Qui avait pu ajouter cet argent ?


Mes mains devinrent moites et ma nuque se crispait alors que je commençais à réaliser la situation. Ce sentiment impossible à déterminer se transforma en colère alors que je descendais en trombe vers la partie administrative du bâtiment.


Là, j'enfonçais sans frapper la porte du bureau du Caporal. Il était assis, en train de rédiger un papier. Il leva les yeux sous le grand fracas que je fis en entrant. Il fronça les sourcils, encore plus qu'à son habitude. Il était sur le point de me hurler dessus pour mon attitude, je le savais très bien. Mais je lui coupai dans son action en lui envoyant ses billets à la figure.

- C'est quoi ça ?!


Il croisa les bras sur sa poitrine et prit une inspiration alors que les billets tombaient en cascade autour de lui. Il me regardait avec ses yeux perçant : armes avec lesquels il m'avait déjà touché plus de fois que je n'oserais l'avouer, mais je devais rester forte et je comptais sur ma colère pour me soutenir.


- Eh bien, tout travail mérite salaire, non ? Déclara-t-il, avec une pointe d'arrogance dans la voix.

- C'est pour ce qu'il s'est passé pendant l'expédition extra-muros ? C'est ça ?


C'était une transaction finalement ?


Ma voix commençait à trembler, j'étais sonnée. Je pensais être furieuse, mais en vérité j'étais juste blessée sans vraiment savoir pourquoi. M'étais-je l'espace d'un instant, bercée d'illusions ?


Il se leva et s'approcha de moi, sa démarche assurée contrastait avec mes épaules, qui, elles devenaient de plus en hésitantes. Il s'appuya sur le meuble en bois foncé en se postant face à moi.

Il se pencha vers moi avant de me murmurer, un sourire sinistre aux lèvres :


- Alors tu l'avoues enfin, hein ?


Je fus prise de sueurs froides, son ton macabre bloqua presque ma respiration.

C'était un piège ?

Et je m'y étais engouffrée la tête baissée. Je reculai de quelques pas alors il m'attrapa par les deux poignets.


- Je n'étais pas sûr du prix de tes honoraires alors, n'hésite pas à me dire si je me suis trompé dans la somme.

Je dégageais mes poignets rapidement, mille et une insultes me venaient à l'esprit mais je devais garder les idées claires. Qu'est-ce qu'il allait se passer ensuite ? Est-ce qu'il en savait plus ? Pourquoi faisait-il cela ? Était-ce un jeu pour lui ? Un poids me compressait la poitrine et une boule anxiété me comprimait la gorge ; j'aurais voulu figer le temps l'espace d'un instant pour réfléchir à quoi faire. Je ne pensais pas réagir ainsi, mais le problème c'était lui, Levi, et il avait changé tous mes plans.


Il m'attrapa une seconde fois le poignet et me rapprocha dangereusement de lui, la nuance de ses yeux habituellement claire c'était assombrit.

- Je te laisse une chance de tout me dire.

- Vous me faites mal lâchez-moi ! Vous savez déjà tout ! Mentais-je, comme d'habitude.


Il me libéra si violemment que j'en perdis l'équilibre. Je me retrouvais au sol, sur le plancher froid. Je repris brièvement mes esprits :

- Je ne voulais pas que Sasha le sache, c'est tout. Je ne veux inquiéter personne.

- Tch, arrête un peu tes violons.


M'avait-il répondu en m'indiquant de quitter son bureau. Je sortais de la pièce et le sentiment d'aller à l'abattoir se faisait de plus en plus sentir. Il avait eu des doutes dès mon arrivée et je savais qu'il allait être encore plus sur mes talons maintenant qu'il en savait d'avantage. Je ne comprenais juste pas pourquoi il semblait garder ces informations pour lui.


Je tournais comme un lion en cage dans ma chambre quand Sasha vint me chercher pour le dîner. Devant ma soupe et mon morceau de pain, j'essayais de réfléchir tant bien que mal à ce que Levi pouvait savoir et ce qu'il ne savait pas. J'aurais pu faire une liste écrite de mes suppositions, mais j'avais peur de voir le résultat écrit.


Le coude de Connie que je me pris en pleine figure me fit sortir de mes pensées, il était en train de se battre avec Sasha pour le morceau de pain que je leur avais laissé. Je tombais en arrière sur le sol les jambes encore coincées sous la table sans comprendre ce qui m'arrivait. Eren vint à ma rescousse et me releva en passant ses mains sous mes bras. Encore sonnée, je le remerciais, alors que ses yeux verts émeraude s'écarquillèrent de panique en me regardant. Je ne compris pas tout de suite, mais une lourde douleur s'installa au milieu de ma figure et le goût sucré et prononcé du sang arriva petit à petit dans ma bouche.


- T/p ! ton nez ! S'inquiétait Armin en le pointant du doigt.


Je mis automatiquement mes mains dessus et je sentais mon sang filer entre mes doigts et dégouliner sur mon décolleté. Mikasa cria à Eren de m'apporter une serviette.


- C'est quoi encore ce bordel ? S'indigna une voix grave familière.


Le Caporal asséna une correction de son cru à Connie et ma sœur pour leur faire comprendre de se calmer. Le réfectoire devint subitement silencieux, en voyant l'homme réprimander notre tablée. Il effrayait vraiment tous les soldats.


- T/N, qu'est-ce qu'il t'arrive encore ? Fit-il en me voyant m'agiter les mains pleines de sang sur mon visage.

Sasha tourna son regard dans ma direction et se pressa à mes côtés.

- Je crois que Connie lui a cassé le nez par accident. Expliqua Armin, qui tentait d'inspecter mon visage.


Mon nez, mon magnifique nez. Si cela ce n'était pas un coup du karma...ou d'un fantôme vengeur....

La Princesse des Rues  - LEVI X READEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant