La Princesse des Rues - LEVI X READER

Chapitre 60 : Evidence

Tout était devenu soudainement si calme, comme si nous étions seuls au monde dans la forêt. 

Il me déplaça jusque sur le lit, me couvrit avec les couvertures en s'assurant que les couches me tenaient chaud. Il s'étendit à côté de moi en silence. 

Un moment passa.

Il était couché sur le dos, un de ses avant-bras sur le front, fixant le plafond. Je faisais de même, percevant ses regards furtifs dans mon champ de vision. 

N'osant pas briser le silence, je me contentais d'attendre et de voir s'il comptait finalement parler ou m'expliquer quelque chose.

Je sentais mon cœur battre fortement dans ma poitrine, il battait si fort que j'avais l'impression qu'il tentait de se frayer un chemin en dehors de ma cage thoracique. J'en tremblais presque qu'allait-il se passer à présent ? Que devais-je ressentir ? Qu'avais-je le droit de ressentir ? 

Le silence s'éternisait, je décidais de me tourner de son côté, mon bras soutenant ma tête pour qu'elle ne s'enfonce pas dans l'oreiller. Cela le fit réagir et il finit par tourner son visage vers moi.

-T/p...

L'entendre prononcer mon nom si posément me ramener à cette nuit à Trost, où le temps semblait s'être arrêté. 

Il avait ce pouvoir sur moi, de pouvoir me tirer hors de ma réalité.

Je me redressai un peu pour lui montrer qu'il avait mon attention. 

-Pourquoi.... Moi ? 

Sa voix était hésitante, c'était bien la première fois que je percevais une telle réticence chez lui. L'espace d'un infime instant, je me demandais si je devais répondre et surtout, si je connaissais la réponse. Devais-je à nouveau me ridiculiser ? Lui dire à nouveau que j'avais des sentiments pour lui ?

Voyant mon manque de réaction, il passa furtivement sa main dans ses cheveux, traduisant son impatience. 

J'inspirais profondément cherchant mes mots avec précaution, mais il me coupa dans ma préparation :

- Je ne suis pas le dernier des imbéciles pourtant je ne comprends pas, pourquoi est-ce qu'une femme comme toi est attirée par moi et je... 

- Je ne le sais pas non plus, je ne l'ai pas décidé. 

Il commença à me fixer l'air de me dire « évidemment, tu n'aurais pas pu choisir ça. » Son regard triste me rongeait de l'intérieur, il avait l'air soudainement si vulnérable. Cet homme, qui portait son chagrin comme une armure m'avait posé une question similaire à ce qu'un enfant perdu dans les méandres de ses sentiments aurait pu me demander. 

Était-il lui aussi, victime de ses émotions ? Si c'était le cas, il le dissimulait si bien. 

-...Mais je n'ai pas voulu y mettre fin même après ce que vous m'avez dit... 

Son visage, faiblement éclairé par la lune, semblait se détendre au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche. Était-il satisfait de cette réponse à mi-mot? Rassuré ? Est-ce que finalement derrière cette couche amère de sarcasme et de violence se cachait un homme qui voulait être aimé ?

-Je ne sais pas pourquoi c'est vous, je sais seulement que c'est sincère. Peut-être que c'est la manière désintéressée avec laquelle vous vous êtes comporté ou l'absurdité avec laquelle vous agissez avec moi. Vous êtes différents. Différents de tous les hommes que j'ai rencontrés.

Il expira lentement. 

-Je déteste la personne que je suis en ta présence, parce que je ne sais pas la contrôler....