Chapitre 52 : Indiscrétion

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- Attends une minute.

Je me stoppai directement en l'entendant. Il s'avança vers moi et s'accroupit à la hauteur de mes jambes.

J'observais le haut de sa tête pendant quelques secondes avant de m'asseoir sur mon lit. Il attrapa l'une de mes chevilles en l'étudiant de près :

- Bordel, il ne t'a pas loupé.

Je retirais rapidement ma jambe et la plaçai contre moi en tentant d'éviter son regard.

- Ce n'est rien, ça va partir.

Je disais surtout ça pour qu'il s'éloigne, il avait choisi de me repousser, il allait comprendre ce que cela voulait dire.

Mal à l'aise, je décidais de glisser mes jambes directement sous les draps pour lui signaler qu'il n'y avait rien à voir.

Il secoua la tête en soufflant et jeta un dernier coup d'œil dans ma direction avant de se relever :

- T'es plus coriace que t'en as l'air.

- Je suis plus coriace que tout le monde croit, répliquais-je sans même le regarder.

Il souffla du nez et s'assit sur son lit en face de moi. L'ambiance tendue commençait doucement à se relâcher. La pénombre masquait la pièce en grande partie et le bruit du bar au rez-de-chaussée comblait le silence maladroit que j'avais installé. Je ne savais plus comment réagir en sa présence, comment devais-je faire pour agir comme s'il ne m'avait pas brisé le cœur en mille morceaux ?

C'était difficile de le savoir juste en face de moi, je n'avais pas encore eu le temps de tout digérer, de réellement comprendre ni même d'accepter ce qu'il m'avait dit. Il était là devant moi, je n'aurais eu qu'à tendre le bras pour le frôler.

Il partit dans la salle de bain et ressorti avec un flacon avant de me le tendre :

-Qu'est-ce ?

-De l'huile de camomille, siffla-t-il, ça va soulager ta peau...


Je l'entendis chuchoter « herboriste, mon cul ».

Le mélange était un peu aqueux, je découvris mes jambes et passai lentement l'huile dessus. La fraîcheur surprenante du liquide me soulagea un peu, si bien que même mon visage se décrispait pendant que je me massais doucement. J'étais tellement concentré sur ma tâche que je ne remarquai pas tout de suite qu'il était sur mon lit, assit juste en face de moi.

Lorsque je le réalisai, une inspiration contracta rapidement ma trachée, j'avais envie de lui dire de dégager, mais mon corps m'en empêcha. Encore une fois, mon cœur et ma raison allaient se livrer bataille. Il ne me fallait pas grand-chose, sa proximité et son parfum me suffisaient. J'aimerais comprendre pourquoi il était si dur pour moi de tirer un trait sur lui, parfois, je me demandais si c'était simplement parce qu'il était le seul à me repousser ? L'esprit de contradiction...

Il attrapa délicatement ma cheville et la tira vers lui pour laisser reposer mon pied sur sa cuisse :

-T'es même pas foutu de te soigner correctement, me réprimanda-t-il en me prenant le flacon des mains d'un geste vif.

-Je ne dois pas être un génie comme vous, répliquais-je en croisant les bras.

Il prit de huile et la fit légèrement chauffer dans sa main avant de me masser la jambe en commençant par ma cheville. Il remonta petit à petit en dessinant de petits cercles rapides de la pulpe de ses doigts.

Je me laissais faire, pas seulement parce que je voulais qu'il me touche également, car ça me soulageait incroyablement de sentir ces petites pressions contre ma peau. Néanmoins, mon corps tout entier réagit lorsqu'il passa la frontière de mon genou pour remonter vers ma cuisse. Ma main rattrapa violemment la sienne pour l'empêcher de monter plus haut.

La Princesse des Rues  - LEVI X READEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant