39. Ce qui ne se dit pas (Jay)

4.2K 700 58
                                    

« Jay, tu tombes bien ! Peux-tu m'aider ?»

Roxanne fait des efforts pour traîner une énorme boîte dans le couloir.

« Qu'est-ce que tu fais ? j'attrape la caisse par en dessous et Roxanne s'empare de l'autre côté, nous soulevons le tout.

— Je vais chez Matthias, ce sont les habits que j'ai promis à Stella. Mieux vaut ne faire qu'un voyage et puisque tu es là...

— ... autant te servir de moi comme main d'œuvre gratuite, c'est ça ?

— Te plains pas, je te donne une raison de revoir ton crush, alors on dit merci qui ?

— Je ne craque pas pour cette gamine ! N'importe quoi.

— Hum hum !

— Je te dis que... Oh laisse tomber ! je souffle. Et puis, toi, tu n'en as pas assez de passer tes journées à bosser avec Matthias ? Attention, au mur derrière toi.

— Le projet est bientôt achevé, on doit encore finaliser quelques détails et ce sera réglé. Tiens mieux cette caisse, j'ouvre la porte et on sort.

— J'en déduis qu'après la soirée de lancement de ta nouvelle collection, on ne verra plus le frère Duval ?

— C'est ce qui est prévu, oui. Il y a une marche, fais gaffe. Je n'arrive toujours pas à comprendre à quoi Matthias joue et ça m'inquiète pour Rob.

— D'ailleurs, où est Rob ? je m'enquiers.

— Il joue les chauffeurs pour ma marraine. Elle a dû partir au château où aura lieu la réception pour tout préparer. Il semble qu'il y ait eu un souci avec le traiteur.

Nous portons la boîte jusque chez le voisin, un chat nous regarde passer sans broncher.

— T'as mis des briques là-dedans ou des vêtements ? je râle.

Roxanne avance lentement et me dévisage :

— Jay, tu sais que Stella adore Matthias, n'est-ce pas ?

— Qu'est-ce que ça peut bien me faire ? Je le déteste quand même.

— Si tu apprécies Stella, il vaut mieux que tu mettes un peu d'eau dans ton vin et que tu pacifies tes relations avec...

Je m'arrête juste devant chez Matthias. Cette conversation prend une direction qui ne me plaît pas du tout.

— Lâche l'affaire ! je m'emporte. Je ne ferais aucune concession : c'est à prendre ou à laisser.

Je m'énerve et force Roxie à poser la caisse devant la maison. J'ôte mon cuir et le laisse sur la barrière blanche qui longe son allée bordée de petits arbustes taillés en boules. Bon sang, j'ai chaud d'un coup.

— Pourquoi, lui en veux-tu encore ? cette fois c'est Roxanne qui s'emporte. N'as-tu pas l'impression que tout le monde souffre de la situation ?

— Chacun sa douleur, je crie. Le voir me rappelle à chaque fois à quel point... à quel point...

Soudain l'air me manque et mon plexus se serre tellement que j'ai du mal à respirer.

Moi, je voulais juste aider, mais j'ai été nul. Je n'ai rien pu faire pour résoudre les problèmes de mon meilleur ami et j'ai cru bien faire avec mes conseils à deux balles. En réalité, non seulement je n'avais rien compris, mais j'ai précipité mon ami vers une fin atroce.

Je passe une main sur mon visage fiévreux, c'est moi qui lui ai donné le pire conseil qui soit.

Je me souviens encore de notre conversation sur le toit de mon ancien lycée.

Mermaid OnlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant