Acte VIII

1.3K 125 31
                                    


Elle avait bien essayé de se faufiler hors du lycée pour aller à la salle de sport, histoire de ne pas perdre la main pour ses cours de danse, ou même de partir en mission en douce en demandant seulement au directeur, rien n'y faisait.

Tout le monde semblait avoir été mit au courant de sa restriction d'une semaine. Personne ne lui donnait de mission, et tous veillaient au grain pour qu'elle ne puisse pas s'échapper du lycée.

Ainsi, elle était condamnée à passer ses journées dans son appartement, et à sortir de temps en temps pour prendre l'air. Elle se promenait dans les jardins de long en large, et elle avait fini par les connaître par cœur.

Elle croisait régulièrement quelques personnes par-ci par-là, et notamment ses élèves qui lui demandaient à chaque fois si elle allait bien, et quand allait-elle revenir leur faire cours. Ce qui ne faisait que renforcer sa frustration, en même temps qu'elle en était émue.

Bien sûr, ses différentes rencontres ne pouvaient pas toutes se passer ainsi, agréables et sans accroc. Parfois, c'était un certain homme aux cheveux blancs qu'elle croisait, et cela l'énervait au plus haut point. Pourquoi?

Cela avait sûrement quelque chose à voir avec le fait qu'il explosait de rire à chaque fois qu'il la voyait. Elle ne pouvait rien faire pendant une semaine entière alors que lui était libre comme l'air, et il savait à quel point cette situation déplaisait à Junko.

La jeune femme, à force de s'énerver à chaque fois, avait fini par tout simplement ignorer l'élément gênant appelé Gojo, voire même à se cacher ou rebrousser chemin en courant lorsqu'elle l'apercevait venir dans sa direction. Elle ne donnait pas cher de sa réputation si quelqu'un venait à la voir dissimulée derrière des buissons, à plat ventre, en attendant que cette andouille aux cheveux blancs ne s'en aille vers d'autres horizons plus lointains.

Fort heureusement, elle n'avait jamais croisé personne. Du moins, elle ne s'en était pas rendue compte.

Mais rien ne changeait cependant pour elle, qui restait cloitrée de force dans son appartement la plupart du temps. Elle avait bien une télévision, mais elle n'en pouvait tout simplement plus de rester sur son canapé à longueur de journée. Elle avait essayé de cuisiner, mais elle avait raté la majorité de ses essais...

Elle tournait en rond. Mais, au bout de quelques jours, elle avait finalement trouvé une parade à son ennui. Elle ne pouvait pas sortir en ville pour aller faire son sport, certes, mais rien ne l'obligeait à ne pas en faire chez elle.

Personne n'avait à le savoir si elle ne disait rien, après tout. Elle s'était alors habillée d'un short et d'une brassière de sport, avait mit une musique entraînante et avait dégagé un espace dans son salon pour pouvoir bouger à sa convenance.

Là, elle s'était prouvée à elle-même (et aux autres qui ne pouvaient cependant pas voir) qu'elle était totalement remise, et que son corps était plus en forme que jamais. Au bout de deux longues heures, entrecoupées de pauses pour reprendre son souffle, Junko se sentait revrivre.

Elle n'était jamais aussi heureuse que dans ces instants où elle exerçait sa passion. Enfin, l'une de ses passions, avec celle d'enseignante. Mine de rien, elle était plutôt bien tombée... Elle pouvait, simultanément, réaliser deux de ses plus grands rêves...

Mais elle savait que ce n'était pas éternel, cependant.

Elle était justement en train de prendre une petite pause pour fumer, sur son balcon avec vue sur un jardin à la japonaise, en sueur mais heureuse, lorsqu'elle entendit quelqu'un frapper à sa porte. Elle manqua d'échapper sa cigarette en sursautant, se maudissant mentalement pour être aussi craintive.

Elle écrasa son mégot dans le cendrier prévu à cet effet, sur une petite table où elle avait l'habitude de manger lorsqu'il faisait beau.

Après coup, elle s'était dit qu'elle aurait mieux fait d'ignorer cette interruption non désirée. Elle était allée ouvrir la porte en traînant des pieds, avec le mince espoir qu'on lui annonce qu'elle partait en mission sur-le-champ. Encore un espoir brisé avant même d'avoir pu lui apporter satisfaction.

-Yooo, bonjour mademoiselle la grande malade!

Bien sûr. Elle avait passé des journées entières à l'éviter autant qu'elle le pouvait, et voilà que cet énergumène venait de lui-même toquer à sa porte. Et il l'agaçait déjà...

Sans y avoir été invité, Gojo se glissa dans l'appartement en un clin d'œil, et elle n'eut même pas le temps de lui bloquer le passage ou de lui claquer la porte au nez.

-Première fois que tu me laisses entrer, déclara-t-il joyeusement, ignorant à merveille le regard meurtrier que lui lançait sa collègue. Joli petit appartement! Je peux visiter?

Encore une fois, elle n'eut pas le loisir de lui répondre, que son "invité" explorait déjà son domicile de fond en comble, ouvrant quelques tiroirs et rentrant dans toutes les pièces. Elle essaya bien de le faire dégager, mais il était plus têtu qu'une mule et surtout elle n'arrivait pas à le faire bouger d'un millimètre. Elle faillit devenir folle lorsqu'il ouvrit son tiroir de sous-vêtements sans le vouloir.

Elle vint alors le refermer avec force, un gros claquement résonnant dans le petit appartement alors que ses joues viraient au rouge pivoine. A cause de la gêne, mais également à cause de la colère.

-Bon, qu'est-ce que tu veux?? T'es venu ici pour quoi au juste??

Il éclata de son rire abominable, l'air aussi innocent que d'habitude malgré ses agissements... Douteux.

-Ah, c'est vrai! C'est Shoko qui m'envoie, elle te fais savoir qu'elle t'attends toujours, depuis deux heures déjà! 

Junko devint complètement blanche en entendant cela, et tourna la tête vers l'horloge accrochée au-dessus de son canapé, poussé sur le côté suite à sa précédente séance de sport improvisée.

Oh merde! Elle avait complètement oublié qu'elle avait un rendez-vous avec la médecin, pour voir où elle en était au niveau physique... Et elle avait plus de deux heures de retard!!

Elle vira Gojo de sa chambre et claqua la porte derrière lui, se débarrassant de ses vêtements de sport en quelques secondes et cherchant dans ses tiroirs de nouveaux, qu'elle enfila en un temps record, tout en s'attachant les cheveux d'une queue de cheval haute.

Ce faisant, elle eut envie de demander des comptes à cette andouille de Gojo.

-Pourquoi tu m'as pas prévenue plus tôt?? Deux heures, sérieusement??

Elle entendit un rire à travers la porte fermée, qui ne fit que l'énerver encore davantage. Mais pas autant que ce qu'il allait dire.

-Alors figures-toi que j'ai oublié... Je suis partit acheter quelques trucs en ville et je me suis rendu compte que je devais passer te voir... J'espère que tu m'en veux pas, Junko-chan!

Pour seule réponse, la brune ouvrit sa porte à la volée et une paire de chaussures fendit l'air à toute vitesse, que Gojo n'eut même pas besoin d'éviter, puisqu'elle rebondirent sur sa carapace invisible. Elle savait très bien que cela ne s'appelait pas ainsi, mais elle savait au moins de quoi elle parlait comme ça.

-Sérieusement, je vais te tuer un jour.

Elle ramassa ses chaussures, furieuse, et se débattit un long moment avec les lacets. Ce ne fut que lorsqu'elle parvint à les enfiler qu'elle remarqua que plus personne ne parlait. Seul le chant des oiseaux à l'extérieur pouvait être entendu, par la porte-fenêtre donnant sur le balcon, qui était restée ouverte.

En relevant la tête, elle s'attendait presque à constater que Gojo était partit, tant cela était incroyable qu'il ne dise plus rien et qu'il soit silencieux. Mais non, il était toujours bien là, constata-t-elle avec une grimace.

Cependant, il était actuellement occupé à observer quelque chose, qui était au préalable posé sur le meuble télé, juste à côté de l'écran plat.

Un cadre. Où elle savait se trouver une photo, qu'elle n'avait jamais montré à qui que ce soit. Après tout personne ne rentrait jamais dans son appartement.

Une photo de sa famille.

Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // A Reason To StayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant