Elle eut tout le loisir de sentir sa lame rentrer dans la chair de son ennemi, d'un coup sec et bien placé. D'abord sa peau, puis sa cage thoracique, et enfin la partie basse de l'un de ses poumons, juste à côté du cœur.
Malheureusement, elle rata ce dernier de quelques centimètres seulement. Ce qui n'empêcha cependant pas Gojo de cracher le sang qui s'était accumulé dans ses voies respiratoires, une masse sombre qui vint s'écraser à terre dans un bruit aux allures de berceuse aux oreilles de la kitsune.
Rusée comme l'était un renard, elle avait malgré tout réussi à lui porter un coup mortel. S'il ne se faisait pas soigner au plus vite, elle ne donnait pas longtemps au jeune homme avant qu'il ne tombe raide mort.
Cette pleurnicharde de Mirai était encore utile, vraisemblablement. Kyûbi avait échangé sa place avec la jeune femme quelques secondes seulement, juste le temps pour qu'elle retrouve la couleur noire de ses yeux et qu'elle pleure un bon coup, afin de distraire Gojo et le faire se stopper.
Les quelques paroles qu'elle avaient prononcées, cependant, n'avaient pas été celles de son hôte, mais bien celles de la renarde. Car Mirai, au plus profond d'elle, hurlait une toute autre chose à qui voudrait l'entendre. C'est-à-dire personne.
Kyûbi, la satisfaction passée, revint très vite à la réalité lorsque Gojo sortit de sa torpeur, un instant pétrifié par ce qui venait de se passer sous ses yeux. Les pupilles de la démone étaient redevenues bleues, et toute trace de larme avait été effacée aussi vite qu'elle était apparue.
L'homme aux cheveux blancs, qui avait l'espace d'une seconde funeste annulé son sort d'infinité, ne perdit pas plus de temps à le réactiver, obligeant son adversaire à s'éloigner précipitamment, contrainte d'abandonner son arme qui disparu aussitôt dans un nuage de flammes bleutées.
Elle venait de perdre quatre âmes d'un seul coup, en renonçant à sauver son épée. Mais ce n'était pas cela qui allait la décourager ; lorsqu'elle voyait à quoi ressemblait à présent le plus fort des exorcistes, elle jubilait.
Il crachait du sang, et son visage était devenu blanc comme neige. Mais, étrangement, il conservait assez d'énergie pour se permettre de riposter.
Trop obnubilée par sa petite victoire, Kyûbi ne remarqua que trop tard que Gojo s'élançait vers elle à toute vitesse, réussissant à lui asséner un puissant coup dans l'estomac, qui la fit cracher la salive qu'elle avait auparavant dans la bouche.
Elle se reprit bien vite, un air colérique et renfrogné sur ses traits, essuyant sa bouche d'un revers de manche. Elle avait crié victoire trop vite. Elle se battait contre Gojo Satoru, après tout ; il ne fallait pas qu'elle relâche sa concentration. Et pourtant.
Lorsqu'elle vit l'homme tousser de nouveau du sang, pas autant que la première fois cependant, elle se remit à jubiler. Elle sentait l'adrénaline flotter dans ses veines, et même la petite voix lointaine qu'elle entendait dans sa tête n'était pas assez forte pour gâcher son plaisir.
Elle allait pouvoir s'en donner à cœur joie, à présent. Le destin de Gojo Satoru reposait littéralement dans le creux de sa main... Ce n'était qu'une question de minute.
Elle avisa les longues traînées de sang qui l'avaient éclaboussée lors de sa précédente attaque, ce sang qui appartenait bien évidemment à Gojo Satoru. Une longue trainée rougeâtre coulait le long de son bras, arrivant dans sa paume en formant une petite piscine de sang.
Tous les éléments étaient à présent réunis.
Le sang dans le creux de sa main s'enflamma, comme le ferait l'une de ses âmes aux couleurs azurées caractéristiques. Le résultat fut quasiment immédiat ; avec un halètement de douleur et de surprise, Gojo sentit pour la seconde fois que son âme bouillonnait en lui.
-Tu commences à comprendre, mon cher Satoru? ricana la kitsune en le voyant tenir sa poitrine douloureuse, appréciant le fait que ses dents soient serrées afin de ne laisser passer aucun son qui ne servirait qu'à ravir son adversaire. A partir du moment où je suis en contact avec le sang de quelqu'un, je peux à ma guise décider quoi faire de son âme... Tu l'auras deviné, je compte bien extraire la tienne de ton corps afin de la déguster comme il se doit... Tu es peut-être fort, mais tu ne pourras pas lutter contre mon pouvoir éternellement. J'ai hâte de voir quel goût aura l'âme du plus puissant des exorcistes!
Elle avait raison. L'attraction que la renarde exerçait sur lui était de plus en plus forte, et sa blessure n'arrangeait pas les choses. Mais lui aussi avait quelques petites astuces en réserve, qu'il n'avait jusque là pas jugé bon de dévoiler.
-Le sang qui se trouve dans ton corps doit actuellement être en train de subir le même sort que celui dans ma main, non? Savais-tu que l'âme d'une personne circulait dans toute son enveloppe charnelle, et surtout dans son sang? J'aurais bien aimé te promettre de ne pas te faire souffrir, mais cette technique n'est pas très faite pour... Si tu t'étais gentiment laissé couper la tête j'aurais pu abréger tes souffrances, mais avec ton infinité je n'ai pas eu d'autre choix... Tu ne m'en veux pas j'espère? Avec la nuit, de plus, mes pouvoirs sont renforcés...
Kyûbi était visuellement ravie au possible, mais quelque chose continuait de la contrarier intérieurement. Comment cela se faisait-il que cet enfoiré aux cheveux blancs ne se soit pas encore écroulé? Il était certes endurant, mais cela n'expliquait pas tout.
Elle dû un peu trop froncer les sourcils d'incompréhension car Gojo laissa échapper un ricanement, un de ceux qui le caractérisait bien. Celui qui faisait prendre conscience à ses adversaires de leur nullité.
-Bravo, je dois avouer que tu m'as bien amoché sur ce coup. Mais ne crie pas victoire trop vite ma petite renarde, même ainsi je suis tout à fait capable de te faire regretter d'être née.
Le saignement au niveau de son poumon s'était effectivement presque totalement arrêté, arrachant à Kyûbi un regard de haine et un froncement de sourcils de plus en plus prononcé. De même, elle ne parvenait plus à exercer autant de pouvoir sur l'âme de son ennemi qu'auparavant...
-Arrête de faire cette tête voyons, tu vas finir par avoir des rides avant l'heure. Enfin, je dis ça mais tu es déjà une vieille chose non? Toutes ces années commencent à peser sur tes épaules, ma pauvre... Si tu n'étais pas aussi rouillée tu aurais très certainement pu te rendre compte que j'utilise un sort d'inversion pour arrêter le saignement et mon sort bleu pour garder mon âme à l'intérieur de moi... Et comme je suis doté d'une puissance hors du commun, je peux utiliser ces sorts à volonté, et ce même s'ils me coûtent énormément d'énergie...
La kitsune sentit ses yeux s'écarquiller, et la rage monter en elle face à cette humiliation. Pour qui se prenait-il, ce connard prétentieux? Il n'était qu'un humain, et elle une divinité! De quel droit se permettait-il de l'insulter de la sorte??
Sur un coup de tête, sans même se rendre réellement compte de ce qu'elle faisait, le paysage autour d'elle et de son adversaire s'assombrit, jusqu'à tomber dans l'obscurité la plus totale. Autour d'eux, une procession de petites flammes bleues, qui avançaient en cercle sans aucun bruit.
Son extension de territoire, pour la seconde fois cette nuit-là.
Elle ne devait pas trembler ; elle était puissante. Elle pouvait parfaitement supporter un deuxième territoire pour aujourd'hui. Tant qu'il lui restait des âmes, elle pouvait y arriver haut la main.
Ses mains enlacées tremblaient, mais elle n'y fit absolument pas attention. Elle se contentait d'observer Gojo Satoru, debout devant elle, semblant comme flotter dans cette immensité sombre qui l'encerclait littéralement.
Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres bordées de crocs, et elle sentit un sentiment de toute puissance s'insinuer en elle.
Trop occupée à penser à la manière dont elle allait bien pouvoir tuer ce connard prétentieux, elle ne remarqua pas non plus que son nez avait doucement commencé à saigner.
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Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // A Reason To Stay
Fiksi PenggemarToute histoire, quelle qu'elle soit, a la prétention de pouvoir débuter comme dans un conte de fées. Ce fut le cas pour Mirai. Malheureusement, en cette funeste journée de printemps, le sang et les larmes furent le rappel à l'ordre, douloureux, de s...