-Donc c'est vrai que tu ne t'appelles pas Junko... Enchanté alors, Mirai.La jeune femme, aux traits toujours empruntés à la kitsune à part ses yeux noirs, fronça les sourcils de frustration. Après toute l'histoire qu'elle venait de lui raconter, qui relatait le meurtre de sa famille par des exorcistes, sa rencontre avec Inari, ses études à l'école d'exorcisme et ses actes de vengeance...
Gojo n'avait retenu que le fait qu'elle avait vécu sous un faux nom depuis presque dix ans? Était-ce tout ce qui l'intéressait, ou bien ne voulait-il tout simplement pas affronter la réalité en face?
Mirai, à présent démasquée, ne savait que faire. Elle en fit la remarque à son ancien collègue, qui agissait comme si la menace qui pesait sur lui n'existait pas. Comme d'habitude. Il était certes en position de combat, mais son état d'esprit n'était certainement pas propice à combattre.
Il rigolait.
-Et tu trouves ça drôle? J'ai vécu à vos côtés pendant tout ce temps, seulement pour mieux vous trahir et vous achever au final... Et tu rigoles?
Gojo lui adressa un sourire effronté, un de ceux dont lui seul avait le secret. Un de ceux que Mirai avait appris à côtoyer depuis toutes ces années. Celui qu'elle avait prit l'habitude de détester.
-Ouais. Je me marre parce que, dans l'histoire, c'est toi qui en ressors perdante. Tu sais pourquoi? Parce que tu es, malgré tout ce que tu peux dire, devenue l'un de ceux que tu détestes tant... Un exorciste. Tout ça pour un démon qui ne t'as même pas donné son vrai nom pendant presque dix ans et qui s'est servi de toi pour arriver à ses fins...
Mirai sentit ses yeux s'écarquiller à l'entente de cette phrase. C'était vrai que Inari ne lui avait pas dit s'appeler également Kyûbi... Mais est-ce que cela relevait d'une quelconque importance? La kitsune était la seule à l'avoir soutenue durant les années suivant le meurtre de sa famille, elle était la seule en qui elle pouvait avoir confiance...
Comment Gojo pouvait-il la traiter ainsi? Il ne savait rien. Que ce soit de la souffrance qu'elle avait dû endurer depuis toute petite ou même du combat qu'elle avait mené dans l'ombre afin d'accomplir son souhait... Détruire ce monde de l'exorcisme autant qu'elle le pouvait.
L'homme aux cheveux blancs ne lui laissa cependant pas le temps de répondre.
-Tu sais maintenant que j'ai fait quelques petites recherches sur toi en cachette... reprit-il d'une voix un peu plus sérieuse, sans néanmoins se départir de son sourire en coin. Mais tu n'as pas l'air de savoir quelque chose de crucial sur tes "parents".
Elle n'avait aucune envie de savoir ce qu'il allait dire, car elle avait un mauvais pressentiment. Mais, étrangement, elle ne trouva pas le courage ni la force de l'interrompre.
-Ces soi-disant "parents" n'étaient que tes parents adoptifs, à toi et à tes frères et sœurs, continua Satoru en regardant les yeux écarquillés de Mirai. Tu pourrais croire que cela n'a pas beaucoup d'importance, mais si je te dis qu'ils n'ont adopté que des enfants malades de naissance pour pouvoir contracter des assurances-vie sur leurs têtes et les toucher au moment de leurs décès? Et si je te dis qu'ils n'ont fait qu'accélérer les symptômes de vos maladies respectives pour toucher l'argent le plus vite possible? Ta mère était bien médecin et ton père avocat, n'est-ce pas?
Quoi de plus simple pour faire en sorte d'empêcher ses enfants de guérir en les privant de leurs médicaments qu'en étant médecin? Quoi de plus simple pour empêcher les éventuels procès qui pouvaient leur tomber dessus qu'en étant avocat?
Gojo n'avait pas explicitement dit ces quelques phrases, mais l'idée germa presque aussitôt dans l'esprit de Mirai, sans qu'elle ne puisse les en empêcher. Les documents qu'elle avait découverts dans le bureau de ses parents lui revinrent en mémoire, de même que les nombreuses sommes d'argent disséminées un peu partout dans son ancienne maison.
-J'ai aussi découvert que ta sœur, la vraie Junko, aurait pu survivre à sa maladie si tes parents ne l'avaient pas privée de soins en douce... Toi tu étais condamnée quoi qu'il arrive, mais tes frères et sœurs non. Ce n'est pas ce que tu avais imaginé, n'est-ce pas? Que penses-tu de tes chers parents, à présent?
Mirai était en proie à une hystérie sous-jacente, qui commençait doucement à prendre de l'ampleur en son fort intérieur. Gojo avait-il inventé tout cela pour lui faire passer l'envie d'absorber des âmes d'exorcistes?
Il ne pouvait décemment pas dire la vérité. A la limite, ses parents n'étaient peut-être pas ses vrais parents, mais elle savait aussi qu'ils ne leur auraient jamais fait de mal, pour rien au monde. Alors pourquoi avaient-ils fait disparaître toutes les photos de Junko sans leur en parler, pourquoi avaient-il vécu comme si rien ne c'était passé alors que sa grande sœur venait tout juste de mourir à l'hôpital?
Pourquoi avait-elle découvert des assurances-vie à son propre nom, ainsi qu'à ceux de ses frères et sœurs, dans le tiroir de son père? N'était-ce pas de simples coïncidences...?
-C'est bien ce que je pensais... Vu la tête que tu tires tu as l'air de ne pas être au courant. Pourtant tu as forcément dû avoir de nombreux indices sous les yeux, non? Est-ce parce que tu ne veux pas voir la réalité en face? Ou bien est-ce parce que tu ne pourrais plus justifier ta petite vengeance personnelle? Qu'en dit cette chère renarde, qui nous écoute silencieusement depuis le début?
Un moment de silence passa, et Mirai retenait son souffle. Elle priait pour qu'Inari lui soutienne que Gojo avait tout inventé, et que comme toujours elle était de son côté pour l'aider à se venger. Que la seule personne qui l'avait accompagnée pendant toutes ces années, pour laquelle elle avait tant de fois dû se salir les mains, serait toujours là pour elle et ce jusqu'à la fin...
Seulement.
Elle sentit Inari reprendre le contrôle d'une partie de son corps, et un ricanement à glacer le sang résonna dans ce qui avait été un véritable silence de plomb l'espace de quelques secondes.
-Waouh, je suis bluffée mon petit Satoru! Un vrai détective ma parole! Tu es moins bête que cette chère Mirai à ce que je vois... Est-ce que tu te rends compte qu'elle m'a crue pendant plus de dix ans, sans jamais remettre en question ce que je disais ou faisais? Elle était si désespérée!
Mirai sentit à ces quelques mots un gouffre s'ouvrir dans son estomac, un gouffre qui se trouvait pourtant là depuis une éternité mais qu'elle avait préféré ignorer encore et encore. Son œil droit, qui avait gardé sa couleur noire originelle, à l'inverse du gauche qui luisait d'une lueur bleutée, se mit à pleurer en silence.
-Tu veux savoir le plus amusant? C'est qu'elle m'a aussi crue quand je lui ait dit que c'étaient des exorcistes qui avaient massacré sa famille... Alors qu'il s'agissait simplement d'humains purs et simples, qui étaient venus s'en mettre pleins les poches en cambriolant sa maison mais qui avaient laissé la situation déraper... Et paf! Tout le monde avait dû être tué. Si cette andouille de Mirai avait appelé la police, ils auraient très vite pu remonter aux coupables, qui avaient laissé leurs empreintes digitales littéralement partout... Mais non, à croire que je suis décidément une grande actrice! Et vu que la maison a brûlé, aucun indice restant!
Mirai essaya de reprendre de force le contrôle de son deuxième œil, mais comme souvent ces derniers temps elle ne pouvait pas.
Car, grâce à toutes les âmes qu'elle avait fait absorber à Inari, maintenant connue sous le nom de Kyûbi, celle-ci était devenue forte. Beaucoup trop même.
Trop forte pour que Mirai ne puisse plus faire quoi que ce soit pour la contenir, devenant ainsi une étrangère à son propre corps.
Un fait qu'elle s'était efforcée d'ignorer. Mais, à présent, les conséquences étaient là.
Elle était prise au piège dans son propre corps.
Elle s'était faite manipuler en beauté.
VOUS LISEZ
Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // A Reason To Stay
FanfictionToute histoire, quelle qu'elle soit, a la prétention de pouvoir débuter comme dans un conte de fées. Ce fut le cas pour Mirai. Malheureusement, en cette funeste journée de printemps, le sang et les larmes furent le rappel à l'ordre, douloureux, de s...