Acte XXXIX

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Dans la cacophonie des voix autour d'elle, Mirai ne savait plus où donner de la tête. Cette dernière la faisait d'ailleurs affreusement souffrir, mais ce n'était rien à côté de la douleur atroce qui irradiait de son corps tout entier...

En particulier de son cœur. Ne l'avait-elle pas écrasé, justement...? Comment cela se faisait-il qu'elle soit encore en vie, après avoir éclaté son propre cœur et perdu autant de sang?

Inari avait-elle quelque chose à voir là-dedans? Elle n'arrivait toujours pas à réaliser que le nom de sa sauveuse, celle qui l'avait accompagnée depuis qu'elle était enfant, n'était pas celui qu'elle lui attribuait depuis toutes ces années. Kyûbi. Voilà quel était le véritable nom de la démone, celle qui avait bien failli tous les tuer, elle la première.

Les larmes aux yeux, elle parcouru du regard les différents visages qui l'entouraient, eux aussi striés de larmes de soulagement. Tous ses élèves allaient bien, hormis quelques égratignures et visiblement exténués, mais aucune blessure qui pourrait mettre leurs vies en danger.

Ce fut la voix qu'elle désirait entendre plus que tout qui prit justement la parole, d'un ton bas et calme qui ne ressemblait pas à Gojo, qui la fit sortir de sa contemplation. Il se tenait juste au-dessus d'elle, à quelques centimètres seulement de son visage.

Elle pouvait à sa guise plonger son regard dans celui de Satoru, se noyer dans ces deux pupilles bleutées qu'elle adorait tant. Elle ne pouvait plus continuer à se mentir davantage. 

-On a dû enlever ton tee-shirt pour te soigner, j'espère que tu ne nous en veux pas Mirai-chan, dit-il d'un ton qu'il voulu léger et rieur mais qui débordait de plus de soulagement qu'il ne l'aurait souhaité. Mais on t'as laissé ton soutien-gorge ne t'en fais pas.

Il tenait toujours sa main étroitement, comme s'il avait peur qu'elle ne puisse s'enfuir loin de lui encore une fois. Il faisait de son mieux pour éviter de pleurer, mais d'où elle se trouvait Mirai pouvait très bien voir les larmes accumulées dans le coin de ses yeux.

Il lui adressait ce sourire qui le caractérisait tant. Celui qui avait le pouvoir de la faire se liquéfier sur place. Son estomac fut rempli de papillons l'espace d'un instant, tandis que son esprit était submergé par la contrariété.

Comme d'habitude, même dans les pires moments, Satoru trouvait le moyen de rire et de faire le pitre. Elle ne pouvait pas cacher ses joues rougies pour le moment, mais Dieu sait à quel point elle en mourrait d'envie. Surtout après les quelques paroles de l'homme aux cheveux blancs.

-... abrutit, fut tout ce qu'elle parvint à dire sans risquer de bégayer.

En détournant le regard de gêne et retenant un râle de douleur, alors que Gojo se mettait à rire, elle tomba nez-à-nez avec l'une de ses anciennes collègues, à laquelle elle tenait tant: Shoko.

Qui lui adressa un petit sourire de soutient, avant de se tourner vers Gojo.

-Arrête de l'importuner là tout de suite, elle est encore dans un sale état...maugréa la brune avec sa délicatesse légendaire. Vous pourrez vous chamailler autant que vous voulez après que j'ai finis de la soigner. Pourquoi est-ce que tu l'appelles Mirai, au fait?

A cette question, Satoru se contenta de jeter un regard interrogateur à la dite Mirai, qui laissa une grimace lui échapper. Elle n'avait pas pensé à cet aspect-là...

-C'est une longue histoire, répondit Gojo pour elle, qui relâcha le souffle qu'elle retenait depuis quelques secondes. On en discutera plus tard si tu le veux bien.

Pour l'heure, elle n'avait aucune force ni aucun courage à consacrer aux explications. Elle avait honte, et ce sentiment la rongeait toute entière.

La main autour de la sienne se resserra, et elle retourna alors son attention vers Satoru, en gémissant de douleur au mouvement de tête qu'elle fut obligée d'effectuer pour ce faire.

Ce fut à cet instant qu'elle remarqua quelque chose. Sur l'uniforme de couleur sombre que portait l'homme aux cheveux blancs, elle pouvait apercevoir une tache encore plus sombre, qu'elle peina à distinguer avec la lumière faiblarde de l'aurore, mais également à cause de ses yeux qui avaient encore du mal à rester ouverts.

Gojo était blessé. Et, sans aucun doute possible, c'était de sa faute. Lorsque Kyûbi avait prit possession de son corps, celle-ci avait réussi à blesser Satoru... Elle ne s'en souvenait qu'à moitié, pour être honnête.

L'homme aux cheveux blancs paru remarquer où Mirai regardait, les yeux embrumés de larmes, puisqu'il vint relever son menton, de sorte à ce qu'elle ne puisse plus voir son torse.

-Gojo est blessé lui aussi, murmura malgré tout la jeune femme à l'attention de Shoko, sous le regard désapprobateur du concerné.

La médecin adressa un bref regard à son camarade, évaluant en quelques secondes sa situation. Elle poussa un soupir.

-S'il est encore capable de dire des conneries à tout va c'est qu'il n'est pas en situation de vie ou de mort, crois moi. Toi oui en revanche. Dès que j'aurais terminé de te soigner je passerai à Gojo, si ça peut te rassurer.

Mirai n'en était qu'à moitié rassurée, justement. Elle continuait de jeter des regards inquiets en direction du jeune homme aux yeux bleus, qui lui souriait de toutes ses dents tout en serrant fermement sa main.

-Tu as écouté la dame! Maintenant ferme les yeux et repose-toi, je t'autorise à dormir encore un peu. Je reste là, ajouta-t-il lorsqu'il sentit que Mirai souhaitait ajouter quelque chose, la douleur lisible dans ses pupilles couleur d'encre.

Il avait raison. Elle était épuisée. Elle ne savait pas par quel miracle elle était encore en vie, mais la rage du combat précédent se faisait ressentir jusque dans ses muscles les plus insoupçonnés. Son cœur était celui qui lui posait le plus problème... Même avec les soins de Shoko, il lui faisait toujours affreusement mal...

Bien que la douleur commence lentement à s'estomper, ce qui la rassurait quelque peu. Elle put ainsi laisser ses paupières se refermer de nouveau, alors que sa respiration se faisait un peu plus lente.

Ses sourcils auparavant froncés à cause de la douleur se détendirent doucement, et les traits crispés de son visage redevinrent paisibles.

Avant qu'elle ne sombre complètement dans le sommeil, la voix qu'elle aimait tant l'accompagna jusqu'aux frontières du royaume de Morphée.

-Bienvenue à la maison, Mirai.

Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // A Reason To StayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant