Acte XXIV

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La première chose qui lui parvint, à son réveil, fut une odeur âcre et métallique, insoutenable.

Les sensations revinrent une à une dans son corps engourdis, avec une lenteur abominable. D'abord la froideur de ses membres, qu'elle peinait à ne serait-ce que bouger d'un millimètre. Puis la douleur, qui provenait de son abdomen. 

Elle sentait son corps reposer sur une surface poisseuse, qui restait sur ses doigts à peine effleurait-elle la flaque sous sa silhouette. En ouvrant les yeux tant bien que mal, la douleur telle qu'elle ne pouvait faire autrement que de gémir, elle aperçu en premier sa main droite, la paume ouverte vers le plafond.

En-dessous de celle-ci, une marre sombre, qui remontait lentement le long de sa chemise de nuit souillée. Elle se releva en se mordant la lèvre afin de ne pas crier, pressant l'une de ses mains contre son abdomen douloureux.

Ce fut à cet instant qu'elle vit. Les corps de ses frères et sœurs, de ses parents... Tous gisant à même le sol, les yeux grands ouverts pour la plupart. Dans un silence morbide seulement entrecoupés de hoquets et de gémissements.

Mirai n'eut aucun doute sur le fait qu'il s'agissait des siens, alors qu'elle cherchait à tâtons à approcher du corps de sa mère, laissant une imposante traînée de sang dans son sillage. Aucune trace de leurs agresseurs, bien qu'elle n'y fasse absolument pas attention à l'heure actuelle.

Comme elle avait tant de fois vu les médecins faire, elle pressa ses doigts contre le cou de sa mère, seulement pour que les larmes reviennent de plus belle. Rien du tout.

Le corps de sa maman était déjà froid, de toute manière.

Elle se laissa choir contre celui-ci, ses maigres forces l'abandonnant à l'idée qu'elle était seule à présent. Jamais plus elle ne reverrait le doux sourire de sa mère, ni celui du reste de sa famille. Mue par le désespoir, Mirai se redressa tant bien que mal, souhaitant croire qu'il restait un rayon d'espoir pour son père, ses deux petits frères et sa sœur.

Mais rien. Son père était bel et bien mort, de même que ses frères. Ce ne fut que, alors qu'elle s'apprêtait à toucher le cou de sa sœur, qui était couchée sur le côté et qui lui tournait le dos, qu'elle sentit ses yeux s'écarquiller.

Ce n'était pas elle qui gémissait depuis son réveil. Ses oreilles bourdonnantes lui signifiaient à présent que le petit corps sous ses yeux, celui de sa petite sœur, était à l'origine de ces plaintes et de ces sanglots déchirants, pas plus hauts qu'un murmure.

Mirai, ignorant le sang qui imbibait à présent l'entièreté de ses vêtements, jusqu'à son bonnet qui couvrait le fait que ses cheveux ne soient plus là, jeta ses mains sur les épaules de sa sœur afin de la retourner, et de constater de ses yeux ce qu'elle espérait.

Sekaï, sa jeune sœur aux courts cheveux châtain clair, respirait encore. Bien qu'hiératiquement, son torse se soulevait péniblement au rythme de sa respiration laborieuse. Le sang s'échappait cependant de sa blessure, une plaie béante au niveau de sa hanche. Elle gardait ses yeux hermétiquement fermés, les traits de son visage déformés à cause de la douleur insoutenable dont elle était la proie.

Mais elle était encore en vie. Mirai en pleurait de bonheur et d'espoir.

Toujours en se souvenant de ce qu'elle avait vu à l'hôpital, elle chercha dans la pièce un morceau de tissu qui pouvait lui servir. Elle avisa les draps de ses parents, eux aussi tâchés de sang.

Elle déchira un morceau du tissu de ses mains tremblantes, et vint le passer autour de la taille de sa sœur, grimaçant lorsqu'elle entendit les râles de douleur de cette dernière, alors qu'elle resserrait le bandage de fortune.

Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // A Reason To StayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant