Je me suis couché encore trop tard
ou bien me suis-je levé avec un doux retard :
peu importe, le sommeil m'échappe de nouveau
alors que dans ma tête une machine, un robot
ne cesse de bouger tel un perpetuum mobile
me donnant d'incessantes inquiétudes indélébiles.
Comme des amères, chétives, chagrines cerises;
tel un mouvement musical, une reprise,
le robot plante dans ma tête ses histoires
qui tournent autour de mon futur désespoir.
La maison dort encore, brisée et bête,
elle s'effondre sur moi, creuse le mal de tête,
me transforme en ruine de cent ans, sans travaux.
Aucun ne connait le secret du centenaire caveau
de ma cervelle meurtrie, mutilée comme la culasse
d'un fusil de chasse, ne sait la précieuse place
que tu occupes dans mon espace. Sous les néons,
je te regarde, comme d'antan les troupes de Napoléon
sous les Alpes, le ciel teinté de noir de l'encre des plumes
qui écrivirent tant d'abondantes amertumes.
L'âme des étoiles brille dans la nuit d'hiver.
Un oiseau passe, mon enfance, mon univers
dans lequel je me trouve heureux et harmonieux
comme je le suis dans tes bras soyeux : joyeux,
oubliant à tout jamais, un instant, les soucis
du quotidien que nous avons ensemble adoucit.
L'infrarouge sous de chaotiques colériques cirrus
se lève. Les nuages sont des montagnes russes
et jettent au ciel le battement de leur percussions.
Je suis en face de ma fatigue et de mes hallucinations.
Je réalise à nouveau : sans toi je ne serais rien,
pire qu'une farce ou qu'un vulgaire vaurien,
je ne projetterais même pas mon ombre si sombre.
Sans toi, je me perdrais entre ruines et décombres,
je traînerais mon banal bâton des pèlerins
prisonniers qui s'acharnent tant sur leur destin.
Tu es la galaxie de mon amour anonyme,
qui crée en moi de cette univers d'adrénaline
qui s'allume lorsque je t'enlace dans mes bras.
Le temps s'arrête : tu comptes autant pour moi.
Jamais nos instants je ne les oublierais,
même lorsqu'en pierre tombale terne je vivrai,
que mon visage sera sculpté comme de la pierre,
avec des rides sur le front, joues et paupières,
remplis de milles éclats et par le passage du temps :
ces débris et détritus, accumulés là par les instants
remplacent les larmes par de raides rides sur le visage.
Mais il est tôt pour vivre dans le passé des images.
Je retrouve cœur et constance, car au petit jour,
nous nous reverrons pour revivre notre amour.