Sur un fonds bleu, blafard et blême
se lève bientôt un jaune chrysanthème.
Il éclaire le rat mort dans le jardin
qui me dévore dans les détroits du destin :
si j'avais su ce que je sais de la Vie aujourd'hui;
Est-ce que je t'aurais fui, Vie, fruit fortuit ?
L'eau du lac desséché sort des puits muets
pour inonder de chagrin le jardin de l'existence.
Le rat mort sort de son bout de tanière.
La maison dort. Je suis la seule lumière.
Il ronge sans dents, il pustule, il ricane,
Il dévore en moi cette faible flamme
qui entretient la lueur lugubre de l'espoir
si dignement décrit par Dante: le purgatoire.
Prodigalité, paresse, peu importe les raisons
pour lesquels j'écoute le rat et son oraison
funeste sur ce qui me pousse, dans ma maison,
en dehors du sommeil, au-delà de la raison.
Je regarde la vie calmement, malheureux,
bien logée dans la léproserie : un lépreux.
Qui sait pourquoi il me piétine de ses pas
poisseux de rat, moi, l'orphelin au compas
traçant passés, présents, possibles postérités,
qui hanteront mes nuitées à perpétuité ?
Sur un fonds occulte, opaque et obscur
il ne rayonne plus que Vénus et Mercure.
Lors des songes saltimbanques enduits de suie,
le rat mort déambulera directement après minuit.
J'ai signé la paix avec moi-même, la vie et lui.
Malgré les visites nocturnes du rat: j'écris, je vis.