Je ne me suis pas baigné
depuis des jours dans tes bras,
je me sens dédaigné,
ce monde est si ingrat.
La saleté brille sur mon pantalon
à force de travailler dans le noir,
de manger dans une auge en béton,
de vivre dans un urinoir.
Je beigne dans la friture
en restant dans ce laminoir,
et à force de fuir le futur
à la fin je ne peux plus te voir.
Je balaie donc devant mon seuil
les restes de cette vie livide
et je préfère jeter les feuilles
et les bouteilles à moitié vide.
J'écris une lettre, une par jour,
si magnifiquement dactylographié
en souvenir de notre amour
dans des vers à peine codifiés.
Toi, ainsi, vraiment, tu m'aimes ?
Je m'ennuie de ces souvenirs,
de mes pâles petits poèmes,
qui sont la mémoire d'un bel avenir
qui a été écrit au crayon
par un architecte secret
pour être effacé pour de bon
via un de tes décrets.
Je ferme mes yeux glaireux
aucun vaccin n'existant contre toi,
plutôt dormir que vivre malheureux
éloigné à jamais de tes bras.