Espoir incolore

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Oui, toi que j'ai survécu,

je sais que tu perpétues

ce que je n'ai vaincu.

Je suis devenu le champion

de répondre à cette question,

ma tête souffre de congestion.

Je dévalais le boulevard hagard

mugissant sans ce café bâtard

qui ouvrait mon premier regard.

D'autres fois j'attendais ce moment,

mais maintenant, non, pas étonnant,

regarde donc mon front grisonnant.

C'est juste que moi l'ancien,

il ne me reste que chagrin :

la bête sacrée du destin.

L'ordre m'avait envoyé au combat,

une pluie de balles lambdas

transperçait mon cœur de soldat.

Gisant sous un calme dur

je fredonnais une chanson pure,

maudissant mille fois la froidure

du couteau du charogne chirurgien

me disséquant comme un chien,

me faisant perdre le bien,

au-delà de la mort.

Mon corps reste au sol :

je titube un espoir incolore.

Recueil de poésie : Œuvres originalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant