L'automne est là,
il est déjà là, comme toi,
belle, comme toujours, pour moi.
Qui sait pour quelle raison
j'aime tant cette saison
et sa rousse défeuillaison.
Au sommet du mont
le paysage couleur saumon
est encore en amont
de la pluie de feuille
et il tombera en deuil
lorsque l'hiver sera sur le seuil.
J'écoute les feuilles fredonner
une chanson qui fait frissonner
l'hiver qui vient tâtonner
alors que le froid façonne
les arbres de son ton aphone
et le vent les empoisonne.
Le rayon doux du soleil
regarde la nature qui bégaye
succombant lentement au sommeil,
elle enlève ses beaux vêtements
de couleur rubis, sereinement :
l'hiver est à son avènement.
Je pointe doucement mon doigt :
assieds-toi à côté de moi,
que je te chante sans voix
et que je balance ma lanterne
sous le vent couleur Sauternes
au rythme d'un silence terne.
Ce silence mélancolique
s'oppose au paysage bucolique
habillé de couleurs idylliques
alors que tu m'embrasses les lèvres
d'un geste mièvre
qui ne réveille aucune fièvre.
Cette chanson endormie
teintée de dolomie
échangée entre deux momies
est synonyme de trépas
et elle ne risque pas
de changer mon triste état.
Dors bien, beaux paysage satin
dors juste jusqu'au matin
loin des amours déteints
ne laisse pas ton sommeil
s'éterniser car ton réveil
relancera les rêves de soleil.