Je vais le réveiller, le somnambule,
du cauchemar des rêves qui ondulent,
lorsque sonne pour lui glas et pendule,
il tâtonne aveugle et incrédule.
Au-dessus de sa tête bourdonnent
des mouches sans formes, des gorgones,
sa cécité il me l'abandonne
car je suis son exact épigone.
Son sommeil est donc mon cousin
qui respire aussi le chagrin
des vents, si vifs, qui veillent au grain
pour me garder dans le pétrin
Comme un mort maintenant
lui, le dernier survivant
part vers le rêve suivant
en m'oubliant dans le vent.
Sous l'horizon blond,
il est moribond
un soldat de plomb,
un vagabond poltron.
Tel est son destin,
et moi, son pantin
aux rêves lointains
je marche éteint.