L'infinie perpétuité

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Avant, je cherchais un amour

sans le roulement des tambours,

errant tout seul au faubourg.

Je cherchais un amour ardent

pour en devenir déjanté, dément,

me tortillant tel un serpent.

J'ai été asservi par toi

Je pensais faire bon choix,

une histoire qui onc n'échoit.

Je dure avec ma passion

découpée en petites risibles rations,

j'étais investi d'une mission.

Tes beaux sourires, les plaisirs,

me firent céder au délire,

observant ton rire de zéphyr.

Ton sourire façonne mon journal.

Tel l'acide rongeant le métal,

il s'inscrit dans mon mental.

Je regarde sur les sommets,

les vertes verdures de mai,

qui rappelle ton plaisant plumet.

Sur ton visage les fleurs

éveillent de doux piments piqueurs

me lançant dans des pleurs.

En utilisant ton délicieux doigté

prévoyais tu de me mater ?

Pour mieux espérer me quitter?

Sans toi je suis perdu,

un chien errant dans la rue

mangeant des déchets et détritus.

Sans toi(t), sans aucun repère,

je deviens une vilaine vipère.

Plus aucune crainte d'un impair.

Un corbeau cafardeux sans pâture

fouillant dans les odorantes ordures,

pleurant son sort, sa sépulture.

Je te regardais, une merveille,

tu attirais de rouges corneilles :

ton circuit de fluide vermeil.

Mon sang sèche tes lèvres,

tu prêches des paroles mièvres

et une chaude, forte fièvre.

Le présent je le renie,

mon cœur est démuni, meurtri.

Le futur : un lourd colis.

Mais comment étaient tes yeux ?

C'est oublié après les adieux.

Mon hiver reste sans dieu.

Hivers et matins en cendres,

mon cœur n'est plus tendre,

que la mort à attendre.

Mon cœur renferme le silence,

ma tête tristement se balance,

on arrive devant ma potence.

Tu avais dompté ma fougue.

A présent sous ton joug,

clames donc mon amère absoute.

Après ma mort je vivrai

peut-être le crible vrai :

le bon grain et l'ivraie.

Mort entre tes bras balais

tu pleureras mes plaies.

Je suis un complet simplet.

Le juge que tu es

commue ma peine sans respect :

Prison, à perpétuité, à jamais.

Ce matin, plus de névrose,

ciel bleu teinté de rose,

hors de moi climat morose.

Je reste condamné à vie,

à toi, pour toujours, asservi,

un esclave avec un préavis.

Attendre et espérer dans l'éternité,

arpentant avenues et allées allongées :

prisonnier dans cette infinie perpétuité.

Recueil de poésie : Œuvres originalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant