La mouette morte n'a plus d'ailes.
La baie de la mer : desséchée et vielle,
tel des yeux crevées. La mouette morte
revient me hanter sur le pas de la porte.
Eclaboussé de terre noire, givré,
Je reste planté au milieu du gué
de la mer froide qui se retire
et je souffre comme un martyr.
La mouette est morte, ses ailes
dévorées par la mer tuent les voyelles
de son de cri strident qui me hante
et qui me rappelle la tourmente.
Je pars, j'attends, je reviens,
comme un mouvement brownien.
J'attends sur le coin de la rue.
Le temps, d'attendre, est barbu.
Je rentre finalement chez moi.
Si familiers, la porte, la fenêtre en bois
éclairées pâlement par le soleil, la lune,
ne suscitent en moi que de l'amertume.
La mouette morte ouvre sans ailes,
plane, glisse sur moi, sur toi, sur ta stèle,
sur mon hiver qui est devenu ton été
et sur les ruines mon ancienne gaîté.
L'hiver est encore sur la colline
et les arbres sont de la coralline.
Le vent vermeil siffle, dans l'oreille,
son cri de mouette lors du sommeil.
Je ne comprends plus rien,
je n'entends que le bruit aérien
de cette carlingue qui voyage
sans ailes et sans empennages.
J'observe voler, se tordre
sans ailes, la mouette morte,
qui glisse avec un regard moqueur,
sur la mer morte de mon cœur.
Des ailes coupées. Une mouette morte.
Je reste bloqué devant la porte.
Ce que je ressens, ce n'est moins que rien,
par rapport à la souffrance du quotidien.