Chapitre 28 : compte-rendu au roi

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Dès leur retour, Haldor III avait tenu à entendre le conseiller Tourton et le responsable de la défense chacun à leur tour. Le nain s'était entretenu de longues heures avec son roi avant de sortir de ses appartements, et un page avait appelé Géraud pour qu'il fasse de même.

Le jeune homme n'avait aucune idée de ce qu'avait pu dire Gratien, et espéra sans y croire que son résumé n'avait pas peint une trop mauvaise image de l'expédition. Bien sûr, Haldor III ne lui dit rien à ce propos, et l'adolescent essaya de ne pas y penser tandis qu'il faisait son propre rapport. Le roi resta de marbre lors du récit du discours devant les foules, du défi fait au charpentier, de la capture du centaure qui avait retardé l'arrivé de la délégation ; seule la promesse hasardeuse de Géraud lui fit légèrement froncer les sourcils.

« Vous auriez mieux fait de ne pas compter sur la mauvaise mémoire des nains. Les informations circulent vite, vous perdrez bientôt du crédit auprès de la population à cause de cela.

- J'ai cru comprendre qu'on pouvait trouver de nombreuses pierres précieuses dans le Dracung. Il suffira de le récupérer pour avoir accès aux gemmes.

- ''Il suffira'' n'est-ce pas... ? » répéta le roi d'un ton empreint de sarcasmes.

- Le Dracung représente l'une des frontières du pays nain. Vous devriez y avoir accès sans rencontrer de résistance.

- Nous devrions peut-être, mais comme vous le savez ce n'est pas le cas. Est-ce que je dois comprendre que vous allez tenter de conquérir la frontière ? Avez-vous une stratégie valable dans ce but ?

- Je pense que oui.

- Ne donnez jamais plus une telle réponse, commenta Haldor III. Si vous n'êtes pas sûr vous-même de votre plan, comment pourriez-vous convaincre quelqu'un d'autre ?

- Oui, j'ai une stratégie valable, se reprit Géraud d'un ton confiant.

- C'est mieux, concéda le roi. Maintenant je vous écoute. »

La défense du pays n'était pas le seul sujet dont devait traiter Haldor III avec l'adolescent. Le roi avait pu parlementer avec des alliés qu'il avait chez les Hommes, et qui avaient accepté de rencontrer Géraud pour négocier leur aide. Le nain put se montrer plus précis sur la nature de ses alliés : il s'agissait d'une guilde de marchands avec qui les nains traitaient, parce qu'ils avaient plus de gemmes que les Hommes, et parce qu'ils pouvaient fabriquer des meubles précieux au goût de la cour. La corporation, nommée « La Guilde du Nord » ne comptait que des roturiers ; mais ils parvenaient tout de même à avoir de l'influence en vendant aux élites des produits que personne ne pouvait égaler.

« Vous ne pourrez négocier seul. » prévint Haldor III.

Géraud pensa immédiatement à son professeur et son nom faillit lui échapper. Mais elle se trouvait trop loin, et avait encore à faire avec les Elfes ; il dû rejeter cette idée. L'héritier des Marches cita quelques négociateurs qu'il avait croisés au Palais et qui lui avait semblé compétents. Il ne devait pas se tromper sur leur compte puisqu'Haldor approuva d'un signe de tête devant des choix si raisonnés.

Par ailleurs, Ylaine avait donné quelques nouvelles de son séjour chez les Elfes : ceux-ci étaient prêts à fournir un soutien matériel, mais ne comptaient pas entrer en guerre. Ils demandaient en échange la protection de leur frontière.

« Ce n'est pas de matériel dont nous avons besoin, mais d'hommes ! pesta Géraud.

- Les Elfes sont un allié de poids, ne les sous-estimez pas. Une troupe bien armée vaut mieux qu'un grand nombre mal équipé, » répliqua Haldor III.

Géraud ne s'attendait pas à ce que le roi d'une paisible contrée lui délivre des maximes militaires, et fut un peu surpris. Haldor III ne s'y attarda pas, et lui apprit enfin que Faër La Concorde des Peuples, n'avait toujours pas donné de signes de vie.

« Sigmar pourrait peut-être nous renseigner, proposa Géraud.

- Cela dépendra du temps qu'il a passé hors de son pays pour accomplir sa Kryptie. Haldor continua après un soupir : les Centaures sont un peuple de guerriers fiers et susceptibles. Ils n'ont jamais réussi à s'unifier, et leur territoire est partagé entre différents clans. Le fait que La Concorde des Peuples ne nous ait pas contactés n'augure rien de bon. »

Le roi resta silencieux un instant, réfléchissant probablement à tout ce qui s'était dit. Il allait donner son congé à Géraud quand celui-ci lui reprit la parole.

« Il y a autre chose encore, à propos du jeune centaure... »

La légende d'AscalonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant