Les Racines du Saule ~1. La Tige~

Chapitre 32

Patte de Tige ouvrit difficilement les yeux, battant plusieurs fois des paupières avant de pouvoir distinguer nettement le lieu dans lequel elle se trouvait.
Allongée sur de la paille, elle laissa couler son regard sur la tanière de bipède dans laquelle elle venait de se réveiller.

Un bruissement derrière elle la fit sursauter, et elle se leva d'un bond en hérissant son pelage, non sans légèrement gémir de douleur. Ses muscles et son épaule la brûlaient, et elle avait l'impression que son crâne se compressait de l'intérieur pour exploser. L'ancienne guerrière découvrit une belle chatte écaille brune et dorée, aux grands yeux bleus pétillants, qui la regardait, une souris dans la gueule.

— Enchantée, fit-elle en déposant l'animal au sol.

— Enchantée, répondit Patte de Tige d'une voix méfiante, gardant une distance de sécurité vis-à-vis de l'inconnue.

Celle-ci s'assit sur l'herbe séchée avec un petit sourire poli, et déclara.

— Je suppose que tu veux des explications ?

Patte de Tige ne répondit rien, mais incita la femelle à continuer en fronçant les sourcils.

— Tu es arrivée il y a deux levers de soleil, expliqua l'autre, presque morte de faim, de soif, de fatigue, et de ton épaule infectée. Je t'ai retrouvée un matin, là, par terre.

— Vous m'avez sauvée ?, demanda l'autre avec une pointe de reconnaissance.

La femelle écaille secoua la tête, et avoua.

— Pas vraiment. Je t'ai juste fait boire et manger tant bien que mal dans ton sommeil, en mâchant la nourriture avant de te l'ingurgiter.

Elle gloussa.

— Comme pour un chaton.

Patte de Tige, elle, ne rigola pas à la blague.

— Pour ton épaule, continua avec plus de contenance l'autre féline, un de mes amis qui sait soigner s'en est occupé.

Patte de Tige chercha le chat du regard.

— Ne perds pas ton temps, il est reparti il y a un lever de soleil. Il m'a donné quelques plantes pour contenir ton infection, mais tu as bien failli y passer.

La solitaire aux yeux verts remercia d'un signe de tête la chatte, et se leva en expliquant.

— Merci pour tout, je dois à présent partir.

— Déjà ?, protesta l'inconnue avec étonnement. Mais tu n'es pas en état de voyager !

— Je fuis les chats des clans, il ne faut pas qu'ils me retrouvent, raconta Patte de Tige, en se mettant déjà en marche vers la sortie de l'immense tanière de Bipèdes.

— Les chats des clans ?, répéta sa sauveteuse.

— Oui, ceux qui vivent dans le Grand Cratère.

— Le cratère ? Quel cratère ?

Patte de Tige déboucha alors face à un paysage complètement nouveau, l'autre chatte à sa suite. Elle fixa l'horizon, vers ce qu'elle supposait être sa direction d'arrivée.

Au loin, il n'y avait rien.
Rien à part des champs à perte de vue, ponctués d'arbres et d'animaux noirs et blancs qui broutaient de l'herbe.

Aucun cratère.
Aucuns guerriers.

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Patte de Tige laissa un sourire de soulagement naître sur son museau.