Les Racines du Saule ~1. La Tige~

Chapitre 22

Patte de Tige avait passé presque toute la journée suivant son baptême à se reposer de sa nuit de veillée, alors ce ne fut que le lendemain qu'elle put effectuer sa première patrouille en tant que guerrière. Elle se leva en baillant et fit sa toilette, puis rejoignit Pupille d'Anis et Poussière de l'Aube qui se tenaient déjà en compagnie Pelage Roux.

— Poil de Lumière, interpella le lieutenant en voyant le félin passer près d'eux.

Le chat leva la tête, et se dirigea vers l'autre matou.

— Oui ?

— Tu vas partir en patrouille avec les trois nouveaux guerriers, pour les surveiller et veiller à ce qu'ils accomplissent la tâche correctement.

— Mais..., bredouilla Poil de Lumière avec une grimace de mécontentement. Souffle d'Or m'avait proposé d'aller me promener avec elle, et...

Poussière de l'Aube intervint.

— De toute façon, on a pas besoin d'être surveillés. Je me surveille moi même, en même temps de surveiller les deux autres.

Pelage Roux s'agaça, tandis que Pupille d'Anis et Patte de Tige lançaient un regard outré à leur camarade.

— Poil de Lumière, tu vas avec eux, c'est un ordre ! Et Poussière de l'Aube, tu n'as pas à discuter !

Les deux guerriers acquiescèrent non sans grommeler dans leurs moustaches, et sortirent peu après du camp, suivis des deux femelles.

— On va faire une patrouille de quoi, au fait ?, demanda Patte de Tige, encore un peu endormie.

— Ben, à ton avis ?, grinça Poussière de l'Aube.

Il annonça en levant les yeux au ciel.

— ...frontalière, évidemment ! Et ne t'attends pas à aller du côté ombragé...

— Mais qu'est-ce que tu es de mauvais poil, se plaignit Pupille d'Anis en grognant.

Patte de Tige observa Poil de Lumière, qui fixait le camp avec une extrême mélancolie, comme si c'était l'une des dernières fois qu'il voyait Souffle d'Or.
La guerrière grimaça en trouvant pitoyable d'être autant attaché à sa compagne.
L'amour, c'était bien...
Mais il ne fallait pas abuser, non plus.

En arrivant à la rivière qui séparaient les territoires tournoyants et ondoyants, une forte odeur de poisson se fit sentir.

— Puaaah !, s'écria Pupille d'Anis. C'est quoi ce marquage abominable...? S'il n'y avait pas la rivière pour marquer les territoires, on aurait pu croire qu'on était chez le Clan Ondoyant.

Les trois autres guerriers froncèrent aussi la truffe, et fixèrent la rive opposée, essayant d'apercevoir des chats ondoyants.
Les félins tournoyants commencèrent finalement à marquer la frontière, en cherchant à surpasser le marquage des guerriers adverses.
Pupille d'Anis s'exclama alors.

— Je suis un peu déçue de mon nom, moi, je voulais m'appeler Fleur d'Anis !

— Ne te plains pas, répliqua Patte de Tige, j'ai l'un des noms les plus basiques qu'il existe !

Son amie la fixa avec un regard blasé.

— Basique ? T'en connais beaucoup, des Patte de Tige ?, rétorqua la femelle écaille. En plus, Étoile de Lichen a parlé deux fois plus longtemps pour toi, elle a bien insisté sur le long chemin que tu as parcouru et puis bla-bla-bla, elle a rajouté un peu de paillettes par là, et gnagnagna, elle dépose quelques mots étincelants par ici...

— Oui, merci, on sait, on était là en fait, la coupa Poussière de l'Aube en haussant les épaules.

— Moi, mon prénom n'est pas vraiment original, gémit Poil de Lumière sans que personne ne l'écoute.