Les Racines du Saule ~1. La Tige~

Chapitre 10

Nuage de Tige bondit soudainement, la patte levée et prête à l'assaut, mais son adversaire para son coup d'un mouvement d'épaule.

— Tu es trop lente ! C'est quoi cette attaque ? Je l'ai vue venir à dix millions de queues de renard ! On est pas dans la pouponnière, recommence ! Et cette fois-ci avec plus de hargne et de volonté !, brailla Nuage Poussiéreux.

Nuage de Tige retomba sur le sol, le souffle court. Elle s'élança à nouveau, mais cette fois sans attendre de voir si Nuage Poussiéreux était prêt. La novice le manqua de peu et roula dans le sable.

— Tu te fiches de moi..., maugréa l'autre. Si tu veux maîtriser cette technique, tu as vraiment intérêt à te bouger ! C'est pas comme ça que tu vas y arriver !

Nuage de Tige se secoua le pelage pour en retirer la poussière.

— Mais tu ne me donnes aucunes indications sur comment réussir, alors c'est normal que je n'y arrive pas, se plaignit-elle.

L'autre novice souffla, puis marmonna.

— Moi je sais pas comment t'expliquer aussi... Bon, écoute, c'est pas une question de ruse ou je ne sais quoi...

Il planta son regard froid et dur dans celui de Nuage de Tige.

—Là, tu dois juste vivre l'attaque. Tu dois être à ma place, te demander comment est-ce que je réagirai, et contrer ma défense...

— Mais ça, c'est faire une ruse, contredit Nuage de Tige.

L'apprenti brun la foudroya du regard.
La femelle se remit en position de combat, et ferma les yeux. Elle inspira une fois pour se concentrer, et réessaya.

« Comment Nuage Poussiéreux réagirait-il ? », se demanda-t-elle en bondissant.

Elle se l'imagina, piaillant et sautillant comme un chaton, et pouffa de rire alors que son jeune professeur esquivait sans difficulté.

— Qu'est-ce qu'il y a, encore ?, grinça-t-il.

— Rien, c'est bon.

Nuage de Tige se releva, et recommença. Puis elle recommença encore, encore, et à nouveau, jusqu'à ce que ses pattes ne la portent plus et qu'elle s'effondre au sol. Nuage Poussiéreux s'avança vers elle et lui annonça d'une voix agacée.

— Qu'est ce que tu fais ? Ne me dis pas que t'es fatiguée ?

La chatte brune releva une tête anéantie.

— Et si je te le dis, ça va faire quoi ?

— Non mais tu n'es pas consciencieuse !, s'énerva l'autre. C'est à peine s'il est le milieu de l'après-midi ! Il faut que tu travailles dur pour réussir, que tu ne négliges pas tes entraînements... Surtout si c'est moi qui te les enseigne...

— On a déjà chassé toute la matinée avec les mentors, et Bourrasque de Jais m'a fait réviser mes postures de chasse après, je suis épuisée...!, protesta Nuage de Tige.

Nuage Poussiéreux la fit se relever en lui donnant un coup dans l'épaule, et la toisa d'un regard sévère.

— Et bien, tu t'attendais à quoi ? Tu ne veux quand même pas que je m'adapte au programme de Bourrasque de Jais !?

— Euh... si ?, essaya Nuage de Tige.

— Si tu penses que tout le monde fera en fonction de toi, tu te trompes complètement !, gronda l'autre. Ce n'est pas le monde qui s'adapte à toi, c'est toi qui t'adaptes au monde ! Si tu n'as pas appliqué cette vérité, c'est normal que tu aies loupé ton examen final.