Passion céleste à toute épreuve

Chapitre 7 : Feintes et duel

Quand Raiponce acheva sa chanson, Gothel expira de bien-être. La marâtre admira ses traits juvéniles dans la glace en se touchant les cheveux sans prêter attention à sa fleur. Celle-ci se tenait la tête, de nouveaux morceaux de souvenirs lui étaient revenus. Elle avait presque tout recollé à présent et sentait une colère sourde monter en elle. Mais Raiponce gardait son calme et attendait patiemment. Savoir qu'elle avait un allié en la présence de Jack la rassurait et la guidait. Elle faisait profil bas et obéissait bien sagement à sa mère en feignant l'ignorance totale.

Se forcer à faire des câlins était dur mais elle fit plaisir à Gothel en la serrant dans ses bras. La sorcière ne se doutait de rien avant d'aller dans son antre pour travailler à des pièges contre ce Jack Frost. Raiponce fit mine d'aller dormir avant de sortir les livres sur la magie que son ami lui avait ramené quelques jours auparavant. C'était son rituel de la nuit quand Jack n'était pas là. Elle orientait ses recherche sur la magie du sang dont elle était victime et qui l'empêchait de partir.

Plongée dans sa lecture, elle chantait dans un murmure pour illuminer ses cheveux sous les draps et y voir plus clair. Ses yeux parcouraient des sortilèges les plus effroyables les uns que les autres. Son corps fut parcouru de frissons lorsqu'elle tomba sur un charme dont le but était d'assoiffer sa victime éternellement et de la rendre folle. Elle referma l'ouvrage avec terreur. Plus elle en lisait plus elle en avait la nausée. La blonde préféra se plonger dans les manuels sur la magie blanche histoire de se détendre avant de dormir.

Son esprit se rappela la conversation avec sa mère et le moment où elle avait plongé dans le néant de l'oubli. Une nouvelle bouffée de colère la happa. Elle chercha une description de la fleur de soleil sans succès. Elle n'apparaissait dans aucun des livres que Jack avait « emprunté ». Gothel avait raison de dire que peu de personne connaissait l'existence de cette fleur. Cela devait faire partie des légendes que les êtres aux pouvoirs magiques se transmettaient par voie orale.

- Il faut que j'en parle à Jack, murmura-t-elle à moitié endormie.

La blonde referma ses grimoires avant de les cacher, avec la poêle en fonte repeinte d'un emblème de soleil et de lune sur sa face extérieure, sous le lit. Et elle se laissa à nouveau glisser dans son cauchemar de la mort d'Eugène.

***

- Je reviens ce soir ma puce, n'oublie pas de mettre le poulet au four.

- Oui mère.

Gothel lui caressa la tête avant de s'en aller. Elle était confiante envers sa magie et savait que Raiponce ne risquait rien. Elle ne pourrait jamais s'enfuir sans qu'elle le ressente et paralyse sa victime. En plus d'avoir enchanté le château avec son sang. C'est sur un ton guilleret qu'elle se rendit au village pour acheter de la peinture pour sa fille. Et surtout, pour acheter ce don elle avait urgemment besoin pour ses sortilèges défensifs.

- Tiens, madame Manea, quel plaisir de vous revoir !

Gothel se retourna sur la princesse Aurore en tenue civile. Affublée d'une robe brune et d'un corset noire elle passait presque inaperçue dans la foule.

- Princesse Aurore, quel honneur.

Elle se courba mais la jeune femme l'incita à rester humble.

- Ne prêtez pas attention à mon rang. Même si je serai reine dans deux jours, je ne suis à l'heure actuelle qu'une simple paysanne qui se promène. C'est ma couverture pour me reposer un peu des obligations royales.

- Je comprends, la pression doit être fatigante.

- Vous ne pouvez pas imaginer.

Aurore regarda la peinture sous le bras de la fausse botaniste. Celle-ci prétendit aussitôt qu'elle adorait peindre. La jeune princesse ne décela pas le mensonge mais son cœur était toujours happé par les lettres. Elle cherchait Manéa et le fantôme depuis plusieurs jours avant d'enfin tomber sur la fameuse « Botaniste ». La jeune femme ne voulait pas abandonner malgré que son mari soit trop occupé pour retourner au château noir et que les fées ne soient toujours pas arrivées.