L'horloge de l'Hôtel de ville sonna sept coups lorsque l'armée rentra dans la ville. Les communications, télégraphe et téléphone, furent coupées dans la minute qui suivit.
La fête nationale avait battu son plein jusqu'au milieu de la nuit où chacun était enfin retourné chez lui. Alors que le soleil émergeait à l'est, la Cité repue après les festivités, ne se remettait pas encore de sa gueule de bois. La ville somnolait sans bruit et sans mouvement. Seules les cheminées des usines de charbon fumaient, répandant dans les airs ses nuages épais de fumée noires, obscurcissant le ciel pourtant dégagé de ce matin de printemps. Les rues vides étaient occupées uniquement par les corps allongés de quelques habitants avinés qui n'étaient pas parvenus à rejoindre leur domicile.
Les bottes des soldats foulèrent le sol encore couvert de confettis et de serpentins, sous les yeux ensommeillés de quelques hommes et femmes penchés aux fenêtres. Personne ne semblait comprendre encore exactement ce qui se passait, imaginant qu'il devait s'agir d'un second défilé.
A la tête de l'immense cortège formé par la sixième et la huitième compagnie, Maxime, juché sur son étalon, remontaient le long des boulevards, la pointe de son étendard dressée vers le ciel. Il sentait battre en lui un sentiment d'excitation tel qu'il n'en avait pas connu depuis longtemps, il avait encore du mal à saisir l'énormité du moment.
Il jeta un coup d'œil en arrière vers ses hommes qui marchaient au pas et à cet instant, il aurait voulu avoir son amie Nuray à ses côtés : quel dommage qu'elle ne soit pas avec lui pour voir le grand jour arrivé... Quand le royaume sera à eux, il la rapatriera à la Capitale, les frontières Est pouvaient bien se passer d'elle. Il songea soudain à l'otage de Blanchecombe qui l'attendait en sécurité dans ses appartements. La pensée qu'il pourrait le rejoindre ce soir dans son lit si tout se passait bien, ne faisait qu'amplifier sa joie et sa détermination.
L'appel strident du sifflet d'une locomotive au loin retentit comme une sirène d'alarme à ses oreilles. Ses parents avaient longuement hésité avant de le mettre dans la confidence, les décevoir en échouant n'était donc pas une option. L'euphorie qu'il ressentait s'apaisa alors immédiatement.
Le plan de bataille se découpait nettement dans son esprit, ils n'en étaient encore qu'aux prémices.
Le cortège de soldats parvint enfin sur la place de la Monarchie où la statue équestre du roi Charles Ygensen semblait prête à partir en guerre. Sa figure de bronze les toisait sévèrement tandis que son épée levée était prête à les transpercer. Maxime songea qu'en réalité le monarque était plus gros, puis en vint à la conclusion qu'il faudrait déboulonner ce monument dans les plus brefs délais.
Cette place jouait un rôle central dans l'organisation de la ville et ce n'était pas qu'une manière de parler. Tout comme le palais, la ville était conçue comme une rose des vents. De la place de la Monarchie partait donc quatre grands boulevards orientés selon les points cardinaux. Au bout du boulevard Sud, bien visible, se dressait le palais royal dont les multiples rotondes scintillaient dans la lueur de l'aurore, tandis qu'au bout du boulevard Nord, trônait l'Hôtel de ville, perché sur la seule colline de la capitale. Deux gares, dont l'une réservée aux seuls dirigeables, se trouvait aux extrémités des boulevards Est et Ouest. Il restait encore quatre petites avenues, chacune insérée entre deux boulevards, ce qui achevait de former la rose des vents. La ville formait un cercle parfait, ceint seulement par une voie de chemin de fer qui faisait le tour d'Onyxfort afin de reporter sur la périphérie une partie du trafic intra-muros.
Le jeune général leva la main et aussitôt, ses deux compagnies se divisèrent en sept cohortes qui s'engagèrent sur les boulevards et les avenues en fonction de leur rôle. Les soldats partaient donc du cœur de la rose des vents vers ses extrémités comme les rayons du soleil touchaient la terre.
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En un tour de cadran
ParanormalLa Famille Stanhope n'est plus que l'ombre d'elle-même. Exilée dans le royaume de Blanchecombe et menacée de mort, elle vit dans le vain espoir de retrouver son âge d'or. Sa seule richesse : une énigmatique montre qui n'indique pas l'heure, mais qui...