L'évocation des désastres causés par la lignée maudite avait ramené le calme entre eux. Ils se prirent la main et commencèrent à faire ensemble le tour des gradins le long de la coursive. Son épouse brisa à nouveau le silence pour reprendre le fil de la discussion :
– Et ce fut donc à la suite de cet échange que vous avez jeté le Maréchal hors de la salle de réunion.
– Il était à deux doigts de me bassiner à nouveau avec son histoire de « grosses réformes »... En clair, c'était ça où il se prenait un pain, rétorqua le conseiller avec un ton où l'exaspération menaçait à chaque mot.
– Même pas capable de manœuvrer une discussion correctement... Je n'arrive pas à croire que je suis affublée d'un cornichon pareil.
– Mais enfin, vous vouliez que je lui réponde quoi ? Que mon but est effectivement de tout raser, traditions obsolètes, roi impuissant et technologies dépassées compris, pour bâtir un royaume puissant ?
– En clair, un incident diplomatique ou déballer nos plans, c'est la seule alternative que vous aviez ? Parfois, je me demande pourquoi je vous ai épousé, soupira Morgane, lasse.
– Nous n'avons pas eu le choix : j'avais tué votre ancien fiancé en duel. Nos familles allaient s'étriper, bailla Uther.
– Par les sept Enfers et leurs furies, j'oubliais..., acquiesça sa femme. Vous étiez déjà un bourrin en toute circonstance à cette époque.
– Ne venez pas jouer les précieuses. Votre promis n'était pas mieux que moi.
– Et bien j'aurais dû vous égorger tous les deux moi-même. Je me serai épargné la peine d'un mariage.
– Une femme de votre rang célibataire ? Vous vivez en plein rêve, ma parole.
Morgane leva à nouveau les yeux au ciel et poussa un long soupir, ce qui représentait en somme la plupart de ses réactions lorsqu'elle conversait avec Uther. Elle enchaîna cependant bien vite ce qui prouvait qu'elle n'avait cessé de réfléchir à d'autres préoccupations durant leur petit échange.
– Une chose me dérange dans votre discussion avec ce diplomate. Pouvez-vous me répéter exactement ce qu'il vous a dit avant d'aborder le cas Stanhope ?
Uther souffla par le nez, laissa sa femme mariner encore un peu et finalement lui conta au mot près la teneur de leur discussion. La dame Flamdragon arbora d'abord un air pensif, fixant sans vraiment le voir le labyrinthe où la partie la plus intéressante de la course d'obstacles commençait.
La moitié des concurrents étaient éliminés, c'est-à-dire suffisamment blessés pour ne pas être en état de continuer de se battre. Ne restaient que les plus durs à cuire, qui allaient rallier le cœur du labyrinthe pour affronter une nouvelle flopée d'automatueurs supplémentaires qui venaient d'être lâchés dans l'arène. Plus imposants que leurs prédécesseurs, ils n'avaient qu'une faille dans leur armure impénétrable, un défaut dans leur cuirasse sous leur aisselle, mais il fallait être rapide pour parvenir à l'atteindre. Malgré lui, le conseiller observait donc la scène avec intérêt, et fut ainsi surpris lorsque la fureur de Morgane explosa sans prévenir :
– Takezen ! l'insulta sa femme, tellement colère qu'elle employait une injure en patois venant de sa baronnerie natale. Vous ne voyez pas ce qu'il a fait !
Le brusque éclat de voix attira l'attention de leur gardes du corps qui se retournèrent en un instant en pensant qu'on les attaquait. Voyant que cela ne venait que du couple, ils considérèrent que ce n'était pas leur problème, puis, que la situation était parfaitement normale, avant de revenir à leurs affaires.

VOUS LISEZ
En un tour de cadran
ParanormaleLa Famille Stanhope n'est plus que l'ombre d'elle-même. Exilée dans le royaume de Blanchecombe et menacée de mort, elle vit dans le vain espoir de retrouver son âge d'or. Sa seule richesse : une énigmatique montre qui n'indique pas l'heure, mais qui...