Des bruits de pas se firent alors entendre derrière elle. Lucretia ne prit même pas la peine de brandir sa barre de métal et pivota sur ses talons. Elle tomba immédiatement face à face avec la combienne. La petite semblait avoir perdue de son exubérance, ce qui n'était pas plus mal : la Stanhope avait vraiment du mal avec les personnes de trop bonne humeur.
- Qu'y a-t-il ? Souhaites-tu à nouveau tenter de me conduire à l'échafaud ? lança-t-elle.
A sa grande surprise, Charlie baissa la tête avec humilité pour éviter d'avoir à la regarder dans les yeux. Au lieu de réitérer sa menace, ces quelques mots presque indistincte furent bafouillés :
- Je... Heu... Merci... pour tout.
- Ah, cela. Tais-toi, je me demande encore ce qui m'a pris, grogna Lucretia en lui tournant ostensiblement le dos.
Elle avança d'une centaine de pas, mais sentant toujours une présence dans son dos, elle fut obligée de faire à nouveau volte-face :
- Qu'y a-t-il ? Pourquoi me suis-tu ?
La pilote suivait ses traces, à moins d'un jet de pierre d'elle.
- Je suis toujours une cadette de Blanchecombe, bredouilla maladroitement l'adolescente. Je ne peux pas vous laisser comme ça...
- Laisse-moi résumer : tu ne veux pas me capturer à nouveau, mais tu ne comptes pas me laisser filer. Par Atalante, ton plan n'a ni queue ni tête. Écoute, séparons-nous là. Tu n'as plus d'aiguillons et puisque tu as les mains vides, je constate que tu n'as pas cherché à emporter de liens : en conséquent, tes chances de me tenir captive sont minces pour ne pas dire inexistantes.
- Vous m'avez sauvé la vie avec ce poignard et l'homme... Je ne veux pas... Même si je le voulais... J'ai une dette envers vous.
- Ma petite, tu t'es interposé aussi entre moi et l'autre cadavre, on peut donc considérer que nous sommes quittes. Je ne devrais même pas avoir besoin de te raconter ce baratin : nous sommes ennemis, l'affaire ne devrait même pas t'importer. Te sauver a été une erreur de ma part, tu en as profité, tant pis pour moi. C'est ainsi que cela fonctionne.
- Je ne vois pas ça de cette manière, rétorqua Charlie en posant les poings sur ses hanches.
Lucretia poussa un profond soupir, leva les yeux au ciel et adressa une prière à Adonis pour lui demander ce qu'elle avait fait pour mériter ça.
- Mais moi si ! Enfin, c'est ridicule, tu comptes me coller comme ça combien de temps ? Si tu veux vraiment remercier : arrête de me suivre ! protesta la jeune femme en levant les bras dans un geste agacé.
- Ca fait à peine quelques minutes que nous sommes parties du cul-de-sac..., objecta la pilote.
- Eh bien, cela m'énerve déjà.
L'adolescente fit mine de réfléchir, puis s'enquit alors que la Stanhope pensait qu'elle allait enfin accepter de la lâcher :
- Comment avez-vous fait ça ?
- « Fais ça » quoi, gamine ? Tu dois être un peu plus précise, grinça son interlocutrice en reprenant son chemin.
Pas de chance, la combienne lui emboîta le pas. Lucretia poussa un soupir. Elle avait sauvé cette petite, était-ce rentable de l'assommer maintenant ?
- Je veux dire, cette discorde, ce que vous disiez... On aurait dit que vous les connaissiez..., s'exclama Charlie, interrompant le fil de sa réflexion.
- Je ne les connaissais pas. C'est simplement de la logique.
- De la logique ?
- Oui, quelques observations. Ils avaient l'air de faire équipe depuis assez longtemps, cela se sentait dans la coordination de leur attaque lorsqu'ils nous sont tombés dessus. En conséquence, Barbe-brune tenait la chandelle depuis tout ce temps. Les regards étaient évidents à remarquer et la fille jolie. J'ai inventé la main sur la cuisse. Le petit ami est jaloux comme un pou, tu aurais dû le voir lorsque j'ai commencé à flirter avec sa petite amie. Donc d'une part, j'ai un homme frustré et de l'autre un copain possessif. Un peu d'alcool, de l'aplomb... Ce genre de chose part très vite et... Et... Pourquoi est-ce que je te raconte cela, moi ? Allez, du vent.
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En un tour de cadran
ParanormalLa Famille Stanhope n'est plus que l'ombre d'elle-même. Exilée dans le royaume de Blanchecombe et menacée de mort, elle vit dans le vain espoir de retrouver son âge d'or. Sa seule richesse : une énigmatique montre qui n'indique pas l'heure, mais qui...