Chapitre 14. Lorenzo [2/2]

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Morgane n'en finissait plus de retourner les données dont elle disposait dans tous les sens, mais ce casse-tête n'aurait jamais de fin tant qu'elle n'aurait pas extorquer toutes les informations complémentaires de cette saleté. 

– Tu as vendu les Stanhope. Comment étais-tu au courant ?

L'intrus bailla comme si toute cette affaire l'ennuyait profondément.

– J'étais à Blanchecombe. Je les ai reconnus.

Morgane appuya la pointe de sa rapière sur sa gorge, le visage dur et fermé.

– Tu vas avoir besoin d'être plus précis que ça, si tu veux que je te croie, gibier de potence.

– Holà, ma bonne dame ! On se calme ! rétorqua aussitôt l'intrus en sentant l'acier sur sa peau.

– Je veux une réponse.

– Bien, bien ! Les Stanhope s'étaient alliés à un groupe d'anarchistes dans le but de faire exploser le Parlement dans la capitale de Blanchecombe. Il se trouve que je m'étais infiltré dans ce groupe-là.

– Il y avait d'autres taupes sur cette affaire ?

– Non, bien sûr que non ! Je m'en serai aperçu. Il n'y a que moi qui aie réussi à savoir ce qu'ils manigançaient, expliqua l'autre en se rengorgeant.

– Je vois. Donc tu ne t'es pas contenté de vendre les Stanhope à Castelange, tu les as aussi vendus à Blanchecombe. Si le roi et son frère ont appris qu'il y avait encore des Stanhope dans leur royaume, c'est grâce à toi.

L'homme parut outré devant pareille affirmation.

– Pas sûr que..., protesta-t-il immédiatement sur un ton très convaincant.

Hélas pour lui, l'épouse d'Uther n'avait pas mené un complot et une prise de pouvoir à la perfection sans savoir détecter un menteur.

– Tu mens comme un arracheur de dents, raclure de caniveaux, grinça-t-elle. Je suis peut-être plus patiente que le bourrin qui me sert de mari, mais mon temps n'en demeure pas moins précieux. Au prochain mensonge qui sort de ta bouche, je te tranche la langue.

Son interlocuteur s'était figé et son visage restait bloqué dans une expression vexée. Morgan le toisait sans ciller. En elle grandissait la nécessité d'éliminer au plus vite cet étrange problème. L'intrus paraissait insaisissable, capable de passer d'un royaume à l'autre en vendant des informations que personne ne devrait connaître : l'emplacement des Stanhope et un coup d'Etat. Et si ses capacités ne se limitaient pas simplement à de la vente d'information ? Il était parvenu à se glisser jusque dans ses quartiers, l'endroit le mieux gardé du palais avec la salle des coffres : il ferait un excellent assassin. Mais ce n'était pas tant ce qui l'inquiétait, mais plutôt son attitude par rapport à cela : il paraissait tout prendre à la légère.

Pire, dans ses yeux, elle lisait le mépris. Morgane Flamdragon, reine du royaume de Castelange n'était dans son regard qu'une simple pierre sur le chemin. Comment devait-il considérer le reste du monde ? Elle en avait côtoyé des ordures sans scrupules et pour être tout à fait franche, elle en faisait partie. Cependant être puissant et irresponsable ne faisait pas bon ménage, cet individu allait lui créer des tonnes d'ennuis, de graves ennuis et il n'était pas dans son tempérament de prendre un aussi gros risque.

Sa décision était prise.

Morgane arma son bras et la lame de la rapière allait transpercer la poitrine lorsqu'il se produisit une chose à laquelle elle ne s'attendait pas.

Les traits du visage de Lorenzo fondirent subitement comme de la cire et une tout autre personne se dessina à sa place. Les pommettes s'abaissèrent, le nez rétrécit, la peau devint bleue. Une femme aux longs cheveux raides la fixait de ses yeux entièrement noirs. Elle était si fine qu'elle glissa hors de sa chemise. Le vêtement resta épinglé au mur tandis que la créature s'avançait vers l'épouse d'Uther.

En un tour de cadranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant