Chapitre 17. Le visage de Lucretia [1/2]

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Une bouteille à la main, Lucretia riait à gorge déployée avec ses trois nouveaux compagnons de ripaille. Ils avaient mis en perce un tonnelet de bière et chope aux poings, ils échangeaient depuis plusieurs heures déjà les meilleures anecdotes. Lucretia n'était pas en reste et une fois ses menottes enlevées, elle se retrouva bientôt bras-dessus-bras-dessous avec une Laïla un petit peu éméchée.

– Et l'affaire du fourgon de Raftleheim ! s'esclaffa l'homme à la barbe brune.

Lucretia fit mine de s'étouffer avec sa boisson :

– Non ? Raftleheim, c'était vous ?

– Un peu mon neveu ! C'était même notre premier casse ensemble !

Les trois bandits échangèrent quelques tapes dans le dos et des poignées de main. La Stanhope les observait avec un grand sourire, puis ricana lorsque Laïla s'exclama soudain :

– Franchement à moi elle me plaît bien ! Si on la prenait avec nous ?

Leur prisonnière haussa les épaules avant de planter son regard dans celui de la jeune femme :

– Te fatigue pas à me donner ce genre d'espoir, ma belle. Je connais les gars comme vous. L'oseille, y'a que ça qui compte à la fin et demain matin, on se mettra en route. Mais je m'en fous, tu sais, ça ferait jamais que la troisième fois. Une fois vendue, je me tirerai.

– C'est incroyable comment tu arrives à échapper aux maquereaux..., s'enquit le rouquin en prenant son amante dans les bras, loin des œillades ainsi que des mains baladeuses de Lucretia qui nota le fait avec intérêt.

La jeune femme fit un geste de la main comme pour balayer la phrase de son interlocuteur :

– C'est pas de la chance... Je suis dans le système depuis... J'arrive même pas à m'en souvenir : on finit par piger toutes leurs combines. Un peu de cervelle et de l'astuce, c'est tout ce qu'il faut. Vous aussi, vous passez sacrément entre les mailles du filet, c'est dingue...

– Comme toi, l'habitude et la perspective d'une corde si on est pas prudent, ça motive bien, renchérit Laïla.

Lucretia acquiesça, avala une nouvelle rasade de bière, puis s'essuya la bouche du revers de la main.

– Nan, moi je trouve que ce qui fait vachement la force de votre groupe, c'est votre unité et la confiance que vous avez entre vous. C'est rare.

Tous les trois échangèrent quelques regards de connivence et des sourires. La Stanhope enchaîna aussitôt :

– Et puis, le respect entre vous, je suis impressionnée... Et puis quelle patience, on sent que vous êtes passé au-delà de l'ancien béguin de Barbe-brune juste là pour Laïla.

Les sourires devinrent un peu plus crispés et Lucretia qui avait lancé la phrase sur des suppositions sut qu'elle avait visé juste. Il était temps à présent de viser le cran au-dessus.

– Du coup, tout ce qui se passe... Que de l'amicale.

Le rouquin avala difficilement sa chope de bière et demanda aussitôt d'un ton aussi détaché que possible.

– Tout ce qu'il se passe quoi ?

Aussitôt son ami donna une violente bourrade à la Stanhope et s'exclama en l'attrapant par le col :

– La ferme, je vois ce que tu essayes de faire. Juste, la ferme.

Cette réaction allait directement en faveur de Lucretia, sans qu'elle ait besoin d'insister.

– Tu as peur qu'elle dise un truc qui t'irais pas ? Moi, je te dis : parle, s'exclama l'amant.

– Je veux dire les regards, la main sur la cuisse... 'Fin, ça me semblait évident, souffla la jeune femme avant que l'homme à la barbe brune ne la jette au sol avec la ferme intention de lui en coller une.

En un tour de cadranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant