* Attention, trigger warning pour ce chapitre. Ne connaissant pas votre degré de sensibilité, je souhaite vraiment vous avertir*
Dans un même temps, quelque part dans le palais royal, les troupes dédiées à sa protection, les redoutés Leudes, envahissaient les couloirs et la cour d'Honneur. Leurs cuirasses noires semblaient avaler la lueur du soleil, tandis qu'ils fermaient le verrou des grandes portes empêchant tout accès au palais. En une quinzaine de minutes, il fut impossible pour les occupants de s'en échapper. Tandis qu'Uther rassemblait dans la salle du conseil le Premier ministre et le reste du gouvernement, sa femme ne restait pas inactive. Son implication dans le plan, tout comme celle de son mari et de son fils était primordiale.
Ce jour, Morgane l'avait attendu toute sa vie depuis qu'elle avait été en mesure de comprendre à quel point cette monarchie pourrissait sur pied. Quand d'autres auraient simplement constaté la situation, l'épouse d'Uther avait décidé de prendre la situation en main et aujourd'hui, son désir se concrétisait enfin. Elle avait même enfilé le plastron de son ancienne armure pour l'occasion.
Elle contempla les gravures dans le métal, son regard suivant les courbes des deux dragons crachant des flammes oniriques qui s'entremêlaient en une colonne de flammes. Le cadeau de son mari à l'occasion de leur mariage lui avait servi lors de quelques tournois, cependant, elle n'avait pas eu l'opportunité de l'enfiler depuis la naissance de Maxime.
La femme retrouva la protection et le poids du métal contre son torse comme on enfile une ancienne peau familière, telle une étrange mue à l'envers. Lorsqu'elle empoigna sa rapière, elle se sentit enfin complète comme elle ne l'avait pas été longtemps. Ventre-saint-gris, si ce coup réussissait, elle se promettait de ne plus jamais ôter l'arme de son côté.
Toute à ces réflexions, son index se posa par réflexe sur sa joue et caressa sa cicatrice en forme d'hameçon. Par ce souvenir gravé dans sa chair, elle se rappelait ainsi qu'elle était mortelle, qu'elle pouvait être blessée et que rien n'était acquis.
Tandis que son mari allait prendre le contrôle du Conseil des ministres et s'accaparer les pleins pouvoirs en suggérant un gros changement dans la Constitution, Morgane avait la tâche de s'occuper du roi.
Sans même être présente dans la salle du conseil, elle imaginait la situation comme si elle y était. Tallman n'accepterait jamais et Uther aurait une occasion de l'accuser de trahison. Son exécution servirait d'exemple, alors les ministres qui se plieraient ensuite sans faire d'histoires, dans l'espoir de garder une place dans le nouveau gouvernement et également de ne pas mourir de la même manière que le Premier Ministre.
Une place, ils en auraient, car Morgane y avait veillé personnellement. Son mari n'entendait rien à ces subtilités politiques et souhaitait tous les faire passer par le fer. Quelle erreur ! Leur accrocher une laisse autour du cou en s'assurant de leur docilité s'avérait beaucoup plus efficace comme stratégie et il serait de même pour les autres aristocrates. Leurs fidèles partisans recevraient comme promis les titres et les terres des morts, tandis que le reste resterait tel quel.
Ou du moins pour l'instant.
Les aristocrates se rendront compte trop tard que le couple ne comptait pas seulement prendre le pouvoir. Uther entendait réformer en profondeur tout ce système de nobles oisifs. Une classe nobiliaire qui ne prouvait pas qu'elle était utile, ne méritait pas de garder ses privilèges. Dans quelques années, si tout allait bien, Castelange aurait retrouvé son éclat.
Mais ne vendons pas la peau du sanglier avant de l'avoir tué.
Un groupe de Leudes qu'elle avait détaché du corps d'arme spécialement pour l'aider dans sa tâche, se mit au garde-à-vous lorsqu'elle parvint devant eux, en bombant leur poitrine chromée. À leurs pieds, comme des taches rouges sur le marbre blanc, le corps des soldats restés fidèle au roi écartaient les bras, leurs armes encore en mains et leurs yeux vitreux fixés vers le plafond.
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En un tour de cadran
МистикаLa Famille Stanhope n'est plus que l'ombre d'elle-même. Exilée dans le royaume de Blanchecombe et menacée de mort, elle vit dans le vain espoir de retrouver son âge d'or. Sa seule richesse : une énigmatique montre qui n'indique pas l'heure, mais qui...