Chapitre 8. De Charybde en Scylla [2/2]

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Auguste et les soldats survivants se tournèrent de concert vers la direction d'où provenaient les tirs. Une dizaine d'hommes et de femmes en noir et masqués venaient de faire irruption dans la petite cour. Sur leur poitrine étincelait cette fois-ci le blason de Castelange, reconnaissable entre mille grâce à son sanglier écarlate couronné.

Les Limiers parurent complètement l'oublier et se lancèrent à l'assaut des nouveaux assaillants. Toutefois, le temps qu'ils mirent à dégainer leur fut fatal et conjugué à l'effet de surprise, ils gisaient bientôt tous au sol, les yeux écarquillés. Les tirs étaient précis : chaque balle atteignit un Limier au milieu du front.

L'action avait duré à peine une poignée de seconde. Tant de choses s'étaient passées, si bien qu'Auguste eut du mal à saisir exactement ce qui venait de se produire. Un homme arborant une épaulette rouge sur l'épaule gauche, apparut soudain devant lui, d'apparence calme alors que le jeune homme tenait encore son arme braquée sur sa tempe. Il tendit les mains devant lui, comme pour apaiser un chien furieux.

- Vous pouvez baisser votre arme, ils sont tous morts.

Le jeune Stanhope baissa doucement le canon de son arme, ce qui parut soulager le soldat de Castelange, cependant celui-ci ne lâcha pas son arme pour autant. Ses sourcils s'arquèrent lorsqu'il les fronça et il pointa du menton leur insigne.

- Vous êtes des soldats de Castelange.

L'homme à l'épaulette se mit au garde à vous devant lui et lâcha :

- Agent Getzert, commando spécial des forces secrètes de sa majesté. Nous avons été mandatés par le Premier Ministre Tallman pour vous emmener avec nous.

Auguste évalua ses "sauveurs" du regard. Ils avaient tous le type majoritaire des gens de ce royaume : une chevelure brune épaisse,une peau olivâtre, ainsi qu'un nez en pointe. Avec ce qu'il venait de se passer, Auguste ne savait plus comment réagir. Quelques secondes auparavant il était prêt à mourir, maintenant que faire ? Les croire ?

- Pourquoi ? souffla-t-il simplement.

L'homme se mit à sourire de toutes ses dents tel un ami ravi de le retrouver après des années de séparation. Le soulagement du type suintait par tous les pores de sa peau, quand bien même le bougre essayait de faire tout ce qu'il pouvait pour le masquer.

- Vous êtes bien un Stanhope ? le questionna-t-il d'ailleurs en accentuant son sourire.

- Je ne suis pas un Stanhope, répondit aussitôt Auguste par automatisme.

- On nous a donné votre description. Allons-y. Nous attendions que vous réapparaissiez, ajouta-t-il d'un ton cordial.

Ils attendaient ? Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, sans qu'il sache comment l'interpréter. Etait-ce un signal d'alerte ou une simple impulsion pour lui dire que tout allait bien ? Avant qu'il ait le temps de trancher, son jugement se trouva bientôt biaisé par toutes les histoires racontées par sa famille. Le royaume glorifié par son oncle, la terre promise par sa grand-mère, et un régime qu'il avait servi si longtemps ! N'était-ce pas pour eux que les Stanhope cherchaient à déstabiliser le royaume ?

Et ils l'attendaient ? Est-ce qu'ils auraient enfin remarqué le mal qu'ils se donnaient ? Le moment de retrouver une place au soleil était-il enfin venu ? Certes ses ancêtres avaient commis une faute et avaient dû quitter leur rôle de conseiller, mais de l'eau avait coulé sous les ponts depuis ! Ils l'avaient sauvé de la torture en abattant les Limiers, un commando de secours, rien que pour lui...

Et dans ce cas, il ne craignait plus de trahir les Stanhope en parlant sous la torture, sa sœur était sauve... Qu'Atalante soit remerciée de sa miséricorde, il en aurait pleuré. Il sentit son corps se détendre et ce faisant, il abaissa enfin son arme. L'homme à l'épaulette parut s'adoucir en le voyant faire.

En un tour de cadranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant