Chapitre 13. Père et fils [2/2]

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– Dieux ! As-tu encore grandi ou c'est moi qui aie pris habitude des demi-portions de la Cour ?

La dénommée Nuray éclata de rire et l'emporta à nouveau dans une étreinte certes fraternelle, mais qui manqua de l'étouffer une seconde fois. Maxime se débattait comme un beau diable, mais rien à faire, sans les prothèses de ses bras, il n'était pas de taille face à la force de son amie.

Six pieds de haut, les cheveux noirs des natifs des steppes des contrées Sans Maître au nord de Castelange au-delà des mont d'Entreneige et une propension aux contacts tactiles beaucoup trop importante au goût de Maxime, Nuray ne manquait pas d'attirer l'attention de tous ceux qui sortaient du château. Ils bloquaient d'ailleurs l'entrée avec leur effusion, mais la carrure de la soldate décourageait les velléités de ceux qui auraient voulu en faire la remarque. D'ailleurs, la plupart jugeait plus prudent de seulement les saluer de loin, d'un poing contre le cœur et d'une inclinaison de tête.

– C'est toi qu'est toujours petit, fils de roi ! s'esclaffait Nuray. Quoique tu ais poussé depuis Entrebrume. Où est passé le jeune lieutenant-colonel qui me battait en stratégie ?

– Entrebrume, que de souvenirs... L'école des officiers est bien loin derrière moi.

– Oh, pardonnez-moi votre Altesse... Sang de Kaladri, t'as fait quoi à tes cheveux ? s'interrompit soudain son amie alors qu'elle se fendait d'une révérence grotesque.

Maxime passa une main sur sa nuque, surpris :

– Je me les suis coupé court : je ne cessais de me les prendre dans mon casque. Ça ne me va pas, tu trouves ?

Nuray pointa sa propre coupe en brosse en grimaçant :

– Tu sais bien ce que j'pense des cheveux courts... C'est pour les femmes. J'sais pas, je ne suis vraiment pas habitué à cet' partie de ta culture.

– Mon amie, je sais que dans tes coutumes, les hommes portent les cheveux longs, toutefois chez nous, il n'y a pas une telle connotation. Je t'assure que cette coupe est très virile ! protesta l'héritier Flamdragon en l'entraînant à l'intérieur du palais.

– Tu ressembles plutôt à bébé mouton. Et puis, tu en as mis du temps à me rapatrier ! Quand j'ai appris la nouvelle du couronnement, je me serai attendue à rappliquer aussitôt à la capitale, s'exclama-t-elle soudain avant de le gratifier d'une bourrade qui manqua de l'envoyer par terre.

Le jeune général parut tout à coup, très gêné. Il détourna le regard, grommela quelques insultes bien senties contre le reste de l'Etat-major, puis consentit enfin à répondre alors qu'ils rentraient enfin à l'intérieur du château pour éviter de rester dans le passage :

– Crois-moi, je l'aurais souhaité. Surtout lorsqu'il a fallu réprimer quelques protestations dans les baronneries de l'ouest... Malheureusement, on a estimé en haut lieu que la population prendrait mal que le nouveau gouvernement dégarnisse les frontières et militarise d'un coup le royaume.

Son amie croisa les bras, ses sourcils froncés mais l'expression impassible. Il était impossible de dire si elle était en colère ou simplement pensive.

– Je crois que pour une fois, ils ont eu raison, avoua-t-elle enfin. Il s'agit de la meilleure stratégie à adopter. Pour être franche, j'étais contente d'être en garnison cette année. Ca s'agite en face : Blanchecombe renforce ses frontières. Pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon, ça n'empêche pas le commerce... Mais ça change du calme plat sous l'ancien roi.

– Ce que tu dis m'intéresse. J'ai entendu quelques échos là-dessus. Toutefois, étant affecté à la sécurité intérieur, je n'ai que peu d'informations qui filtrent jusqu'à moi, se plaignit Maxime.

En un tour de cadranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant