Prologue

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L'avenir.

L'avenir, c'est ce pour quoi l'enfant semble devoir vivre. Ce qu'il commence n'est commencé que pour être perfectionné dans le futur ; les études, l'acquisition de culture, les activités diverses en dehors de l'espace scolaire, tout n'existe que pour lui garantir un avenir à son goût et dont il sera satisfait. Un avenir est la juste raison pour laquelle il est nécessaire de travailler, de s'instruire, de s'entraîner.

Mais l'avenir, c'est aussi un espoir, un rêve, que nous souhaitons le plus brillant possible. C'est un idéal, un objectif flou et imprécis dépourvu de limites temporelles autres que l'extinction de notre âme. C'est à la fois le moment où tous nos objectifs auront été atteints et celui où nous en découvrirons d'autres, c'est le moment où nous commencerons une ère et en achèverons une autre.

L'avenir est une fin et un commencement, un objectif et un accomplissement, un mal et un bien. Nous devons faire le plus de choses possibles maintenant pour être heureux à l'avenir. Mais cet idéal doucereux peut également émietter notre vie à force de rêve et nous éloigner du présent. Après tout, l'avenir est la dernière étape avant la mort : doit-on donc lui consacrer une telle importance ? Sacrifier d'entières semaines à sa préparation ? Oui... et non.

Cueille le jour, mais n'oublie pas de semer, et tu récolteras jusqu'à la fin. Prends plaisir à vivre, ainsi tu contempleras le jour dernier ce passé qui fut ton avenir, ce passé qui fut ton présent.

Car toi, tu as la chance d'avoir un avenir.

On m'appela. Je soupirai, pris une grande inspiration et empoignai ma valise ainsi que mon bagage à main. Je jetai un dernier regard vers ma chambre, effleurai du bout des doigts ma belle harpe dorée qui allait à coup sûr me manquer, laissai courir quelques larmes sur son bois clair, puis descendis les escaliers. Il était à peine huit heures ; j'étais épuisée, effrayée, je n'avais pas eu plus de quatre heures de sommeil. Il faisait encore nuit, et un silence oppressant régnait dans la maison. Sans tarder une minute de plus, mon père me fit sortir. Il enroula son bras autour de mes épaules alors que nous marchions vers le centre-ville, et je vis s'éloigner derrière moi l'image de mon petit frère qui me faisait un signe de main depuis le balcon. Le monde s'embrouilla autour de moi à plusieurs reprises.

Dieu sait quand je reviendrai à nouveau...


Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant