Chapitre neuvième

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- Lise, je te présente Adélaïde et Erwan. Ce sont nos nouveaux coéquipiers. Ils sont respectivement violoniste et dessinateur. Qu'en penses-tu ?

Mon amie, après leur avoir serré la main en leur montrant son habituel sourire espiègle, se tourna vers moi et approuva ma décision de les impliquer dans notre projet.

- Cependant, je pense qu'Harmonie va nous tuer si on lui présente de nouvelles personnes. Donc, j'espère que ça ne vous dérange pas, mais vous ne pourrez pas la rencontrer...

Les deux adolescents affirmèrent que ce n'était pas grave.

- Bien ! En tout cas, c'est une bonne nouvelle ! ça veut dire qu'on pourra enregistrer ses trios ! Ah ! J'ai tellement hâte de savoir à quoi ils ressemblent ! Je les lui demanderai demain en allant la voir !

- Tu vas la voir à quelle heure, demain ? lui demandai-je, espérant pouvoir venir avec elle.

- Euh, j'avais prévu d'y aller vers seize heures ; la dernière fois l'infirmière m'a dit qu'elle ne pourrait pas nous accueillir après dix-sept heures...

- Et mince. Je termine à dix-sept heures demain, je ne pourrai pas venir. Harmonie va vraiment finir par croire que je l'évite !

- Je lui expliquerai, ne t'en fais pas. C'est vrai qu'elle était un peu inquiète samedi dernier, mais je lui dirai que tu avais un empêchement ce week-end aussi.

- Merci, Lise ! Oh, faites qu'elle ne m'en veuille pas trop...

- Elle ne peut pas t'en vouloir, ce n'est pas ta faute !

Mon amie nous conduisit tous les trois chez elle. Son père soupira en nous voyant sortir nos instruments, et s'exclama :

- Tu n'as vraiment pas fini de nous ramener des musiciens à la maison, toi ! Avant c'était Harmonie, après Elio, et maintenant une violoniste ! Un jour tu vas inviter un orchestre symphonique dans ce pauvre salon, je te jure !

- Si ça te dérangeait je ne le ferais pas !

- Mais je sais, je sais. Je te taquine, c'est tout.

Une fois que nous fûmes tous installés sur de confortables chaises et fauteuils, nous réfléchîmes. Que pourrions-nous jouer ? Ni Lise, ni moi n'avions de partitions pour trio, et nous devrions donc jouer d'oreille. Finalement, alors que nous réfléchissions, mon amie commença à pianoter Au clair de la lune avec talent et expressivité, je décidai donc de me joindre à la mélodie. Elle improvisa quelques arpèges pour m'accompagner, et ce fut très satisfaisant. Adélaïde, elle, se contenta de jouer la mélodie à la tierce pour m'accompagner. Ce fut tout aussi satisfaisant. Moralité : si vous ne savez pas quoi jouer, jouez le premier morceau que vous avez appris et faites des variations dessus. Ça vous offrira presque toujours un résultat satisfaisant.

Nous poursuivîmes avec de petites variations sur Frère Jacques, puis comme les parents de la jeune fille étaient venus pour nous demander de jouer quelque chose de moins puéril, nous décidâmes de prendre des partitions pour piano simples et de se partager la mélodie. Je jouais la main gauche au violoncelle, Adélaïde faisait la main droite au violon, et Lise improvisait un petit accompagnement facile. Cela rendit mieux que prévu. Deuxième moralité : si vous ne voulez pas jouer le premier morceau que vous avez appris pour faire des variations dessus, ou si votre public ne veut pas entendre le premier morceau que vous avez appris, prenez ce que vous avez et adaptez-le. Ça vous offrira souvent un résultat satisfaisant, et tout de même plus joli que les simples comptines pour enfant.

Pendant que nous jouions, Erwan était fixé sur son téléphone, discutant sans doute avec des gens. Je trouvais ça un peu dommage qu'il soit ainsi exclu, je lui proposai donc à la fin de notre morceau de choisir lui-même ce que nous pourrions jouer. Cela pourrait faire passer son taux de contribution à l'activité en cours de 0% à 25%, ce qui n'était pas négligeable.

Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant