Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]

Chapitre 24

Les pieds nus, je tiens appuie sur la table près du barbecue en regardant les enfants jouer et se courir les uns derrières les autres, le bouquet de rose entre mes mains 

J’ai relu à plusieurs reprises la carte, pour vérifier son contenu. L’envoyeur était sans aucun doute Calister. Je suis rapidement sortie de la pièce, les fleurs en mains, ne voulant pas les laisser faner là et j’ai brûlé à l’aide de la gazinière, présent en cuisine, le bout de papier afin que personne ne le voit. Je connais son contenu à la perfection et l’évocation de ce “cadeau” a formé en moi un pressentiment que je ne saurais expliquée et elle n’était pas de bon augure. 

Cette période passée avec Giovanni m’a totalement fait oublier son existence et celle de Krisha aussi. Il avait ce pouvoir, rare et dangereux à la fois, qui en un claquement de doigts, éteignait ces petites voix dans ma tête qui se chargeait de me rappeler qui j’étais, qui je suis, pour me donner enfin la possibilité d’être heureuse. 

Je ne dis pas que je ne l’ai jamais été, au contraire, ma vie d’avant l'Épuration était juste incroyable, la meilleure partie de mon existence, les seules choses qui me reviennent de cette époque sont des fous rires, des moments stupides partagés avec ma soeur, comme quand on grimpait dans les armes, ou encore qu’on s’amusait à faire nos gâteaux du dimanche qui consistait à faire un gâteau avec tous les ingrédients qu’y passait sous nos mains. Je rigole à ce souvenir, on obligeait nos pauvres parents à manger chacune de nos créations et à chaque fois ils répondaient que c’était un chef-d'œuvre, alors que c’était sûrement horrible.  

Après tout, quand on mélange piment, mayonnaise, betterave et de l’huile, rien que pour faire la sauce du gâteau, faut pas s’attendre à ce qu’il soit bon... 

Et d’une certaine manière, même après l'Épuration et que Dwayne m’est libérée des camps, j’ai reçu tout l’amour de Cassandre mais aussi celle de cet imbécile, bien qu’il l'ait manifesté plus discrètement et à sa manière. Même si on pourrait croire à l’inverse, c’est moi qui est demandé à me battre, à rentrer dans ce monde sanglant et cruel. 

Il voulait me préserver de ça et à tenter à de nombreuses reprises de m’en empêcher, mais à finalement céder. Je me rappellerais toujours de cette nuit, je devais à peine avoir huit ans, et Dwayne m’avait une nouvelle fois retrouvé après mon énième tentative d’évasion. Je faisais cela car à l’époque c’était mon unique moyen de chantage. 

“Tu m’apprends à être comme toi ou je pars” hurlai-je encore et encore, à quoi il répondait de la même manière : “Dans tes rêves sale mioche”.

Ce soir là, après m’être fait engueuler comme jamais par sa part, je m'étais tellement énervé que sans faire exprès, j’ai amplifié les flammes du feux de camps qui nous séparait et sans faire exprès, cramé nos habitations de fortune qu’il nous avait crée pour la soirée. 

“Je ne suis pas une sale mioche, vieux lardon ramolli.” avais-je crié, en pensant qu’à cette époque c’était la pire insulte sur Terre. 

Ce fut la deuxième fois que mes pouvoirs se sont manifestés. J’ai rapidement perdu le contrôle, mais il nous a tous les deux sortis de là. Durant toute une nuit, on a marché dans le silence, j’ai eu peur qu’il me ramène au camp mais comprenant qu’il ne pouvait gérer ça tout seul, il a fait appelle à Cassandre.
Je n’ai jamais vraiment compris comment ils s’étaient connus, mais en tout cas, ça m’a sauvé la vie. Grâce à eux, j’ai eu une seconde famille et même si ça ne remplacera jamais la vraie, ça m’a permis de me sentir bien et protégé. Au fond et jusqu’à maintenant, même si on a eu de petite et grosse dispute, je n’avais besoin que d’eux pour être heureuse