Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]

Chapitre 18

- Bon, on répète, ordonne Shirel pour la énième fois me faisant sortir un soupir d'exaspération. Tu t'appelles ?

Je lève les yeux au ciel et ne réponds pas. Je rentre le bas de la chemise rose à manche bouffante dans la jupe en trapèze marron chocolat serrant ma taille. Je me saisis de la ceinture en cuir pour bien retenir tout ça. J'avais regroupé mes cheveux en un chignon négligé et décoiffé mais plutôt pratique.

J'avais passé toute la journée avec Shirel à tourner en rond dans sa chambre, suite à ma demande. Je n'avais pas voulu rester plus longtemps avec Giovanni, l'ambiance était déjà assez bizarre.

- Elizabeth Hamilton, dis-je en souriant.

- Ok, ensuite, répond-t-elle du tac au tac avant de se stopper et d'assimiler ce que je viens dire. Quoi ? Non !

Elle me réprimande et me fait une petite crise d'énervement sous mes yeux amusés. Jetant un dernier coup d'œil au miroir. J'avais opté pour des manches bouffantes pour cacher les blessures sur mes poignets, que j'avais tout de même recouvert par des bandeaux. J'aurais bien soigné tout ça, mais ça ferait suspect que ces blessures guérissent aussi rapidement.

- T'inquiète pas, je sais ce que je dois dire.

- Je sais, je sais mais j'ai l'impression que que ça va mal tourner.

Je m'assois sur son lit, alors qu'elle fait des aller-retours en se rongeant les ongles. Elle me faisait penser à un petit hamster tournant en rond dans sa cage. Plutôt mignon, mais visuellement fatiguant après quelques instants.

- Tu voudrais pas te poser, demandai-je en tapant sur le matelas. J'ai la tête qui tourne à cause de toi.

Elle me tire la langue et s'allonge, en mode étoile et en soupirant, juste à côté de moi. Elle penche son visage dans ma direction et me fixe avec insistance.

- Vas-y, qu'est-ce qu'il y a ? lance-je alors que je me tourne vers elle. Je suis sûre que tu es le genre de personne qui n'arrive pas à dormir tant qu'elle n'a pas leurs réponses.

- Pourquoi as-tu proposé ça ?

Je m'allonge sur le ventre pour m'approcher d'elle, les pieds en l'air. Il n'était pas difficile de comprendre ce qu'elle insinuait. Elle parlait du rôle de "servante". J'hésite à lui dire la vérité, ne sachant pas jusqu'où elle en savait.

- Car je l'ai déjà été.

Je regarde ses yeux surpris, analysant ce que je viens de dire.

- Comment ça ?

Je réfléchis longuement. Je voudrais tout lui raconter, mais mes lèvres ne bougeaient pas, même pas d'un centimètre. Pas que je ne lui faisais pas confiance, mais parce que je me demandais si elle arriverait à me croire. J'ai toujours su qu'une certaine partie de la population des surnaturelles n'était pas au courant de ce qui se passait à Ferlyn, de la torture et des camps. Cependant, à chaque fois je me demande comment personne ne se demande ce qui se passe réellement là-bas ? Ça ne les étonne pas de croiser aucun humain ? A part en tant que domestique.

- Laisse tomber, dis-je pour ne pas aborder le sujet. C'est rien d'important...

Alors que je m'apprête à me lever, elle se saisit de mon poignet, me faisant lâcher une grimace de douleur sur le coup, et me ramène sur le matelas pour me coincer.

- Oui c'est ça, et moi je suis la reine d'Angleterre, répond-t-elle sarcastiquement, les bras croisés. Je crois qu'on n'en connaît assez sur l'autre pour pouvoir se faire confiance, tu ne trouves pas ?