Les mains tremblantes, je laisse le papier tomber entre mes jambes, en secouant négativement la tête pour éviter de pleurer malgré les larmes qui sont déjà en train de déborder.- Tu sais, dit Gabriel en s'agenouillant face à moi, la seule chose qu'elle a écrit de faux ici, c'est quand elle dit que tante Krisha était ma famille. Juridiquement parlant elle l'était, elle m'a élevé et nourri, mais comme Casimir l'a dit, ma famille c'est vous.
Il nous regarde tous, avec un sourire béat, alors que ces yeux commencent à briller suite à la sincérité de ces propos.
- Je suis le dernier arrivant dans le groupe et pourtant, j'ai l'impression que ça fait des années que je suis là, continue-t-il en essayant d'empêcher lui aussi les émotions l'envahir. Vous m'avez appris ce que ça fait d'avoir un frère, une sœur et je sais que je suis chiant, que je n'ai pas de tact et aussi que je suis sûrement la dernière personne à qui tu confierais un truc car je ne sais pas tenir ma langue. Pourtant tu ne m'as jamais abandonné, malgré le nombre de fois où on va pas se mentir, tu as eu envie de me tuer...
On rigole tous sans le vouloir, diminuant cette tension qui régnait depuis tout à l'heure. Il est vrai que j'ai voulu l'achever un nombre incalculable de fois au cours de ces cinq dernières années, mais je ne l'avais jamais fait. J'aurais pu mais au fond, je ne pouvais tout simplement pas le faire, car je l'aimais bien ce petit blondinet qui fait que des gaffes mais qui arrive toujours à se faire pardonner. C'était juste un grand gamin qui n'arrivait pas à grandir.
- Je m'excuse de ce que j'ai dit l'autre jour, prononce-t-il, la tête baissée. Elle a raison, je pense qu'au fond on a tous été programmé pour détester les humains. Vous vous rappelez ces histoires où on nous disait que les humains étaient des chasseurs qui étaient très méchants et venaient manger les louveteaux ?
- Moi je m'en souviens très bien, affirme Odette en rigolant. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit durant des jours après que mes parents m'ont raconté cette histoire. J'avais tellement peur.
- Ah oui, réplique Casimir un peu plus sceptique, non moi je me rappelle des images qu'on nous montrait à l'école, vous savez où on nous disait que les fées, les elfes et même les vampires étaient gentils et que les sorciers et les humains, eux, étaient d'abominable créature dont on devait avoir peur et qu'on devait à tout prix s'en protéger.
- Moi aussi, je m'en souviens. Tu t'en rappelles frangin ?, dit Shirel en frissonnant, alors que Marcellus hoche la tête. Rien que de revoir les images dans ma tête, ça me donne envie de vomir. En plus il y avait cette chanson...Hmm c'était quoi déjà ? Ah oui... « Dans le jardin il y a 5 loups, mais ce soir il n'en restera qu'un...
- Car les humains sont cachés près d'eux, ne souhaitant que leur mort et leur peau, car leur passion est de nous chasser, et de blesser nos familles. A mort, à mort aux humains, tel doit être notre objectif , chantons-nous comme un automatisme, avant de terminer en chœur. Pour qu'à la fin, il n'en reste plus un !»
On reste silencieux un moment. Chacun perdu dans ses propres souvenirs, sa propre histoire, à ressasser tous ces moments où sans qu'on s'en rende compte, on nous a formaté pour détester les humains, à les traquer et les tuer, sans peine, sans regret.
Je serre la lettre écrite d'une si belle écriture, en me demandant ce qu'elle avait bien pu vivre dans son passé, en me demandant jusqu'où elle a dû faire face avec l'atrocité de mes semblables mais aussi des autres êtres surnaturels.
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Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]
ParanormalAn 2124, depuis maintenant plus d'un siècle, dans un monde où les êtres surnaturels gouvernent et vivent librement tandis que les humains sont réduits à l'esclavage, Elizabeth Hamilton est une jeune fille de 19 ans, appartenant à la Rébellion, une o...