Chapitre 21

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Cela faisait maintenant des heures que je m'étais adonné à cette tâche, que je maîtrisais à présent à merveille. Utilisant l'attendrisseur, je tape de toutes mes forces sur la viande en espérant y laisser ma colère mais rien y fait. C'était comme si elle s'était imprégnée dans tout mon corps et qu'elle conquérait celui des autres telle une bactérie. 

En effet, depuis ma venue et dû à mon humeur, tout le monde était fébrile et se trompait dans leur tâche, et si on ajoutait aussi le fait que tante Krisha nous frappait avec un bout de bois, nos chevilles nues qu'on avait dû exposer, pour qu'elle soulage son envie de domination, c'était le combo !

Avant de revenir en cuisine, j'avais précisé à Olivia de ne rien dire sur ce qui venait de se passer et que je lui expliquerais la situation ce soir.

Mais qu'est-ce que je lui dirais ? Que je suis "l'âme-soeur" de cet énergumène ? Impossible.

Shirel nous avait rejoints quelques minutes plus tard, sur le chemin du retour avec le bébé de la photo présent  dans la chambre de Giovanni, pour me dire que Prexton allait arriver ce soir, et qu'ils avaient eu plus de mal à le sortir que prévu. Quand j'ai demandé comment ils avaient fait, elle m'a tout simplement dit de ne pas m'en soucier, avant d'ajouter que même si elle n'approuvait pas mon projet de fuite, elle m'aiderait s'il le fallait.

Tante Krisha qui me surveillait depuis le début sans rien dire, s'approche à ma hauteur, tel un serpant guettant sa proie, non dans l'objectif de vérifier ce que je faisais mais pluôt dans l'intention de savoir d'où provenait ce changement brusque de comportement.

Je pense que la viande est assez tendre, ma chère. Pas besoin de s'acharner dessus, dit-elle en écartant le plateau de devant moi. A croire que vous avez des envies de meutre.

Je ne te le fais pas dire...

Alors que se passe-t-il mon enfant ? Y a-t-il un problème ?

Un problème ? Non, il y en a plusieurs, à commencer par toi...

Relevant ma tête qui était baissée, je secoue la tête négativement, en espérant qu'elle me lâche la grappe rapidement. Elle dégageait une odeur nauséabonde détériorant la quasi-totalité de mes capteurs sensoriels.

J'essaye juste de faire mon travail du mieux que je peux, murmure-je en la fixant dans les yeux, essayant d'être crédible. Après tout c'est ce qui nous est demandé, non ?

Alors qu'elle est encore en train de comprendre ma dernière phrase sonnant clairement comme un affront, tout le monde dans la pièce retient son souffle. Le sous-entendu était très clair, trop distinct. C'était comme me tirer une balle dans le pied. Mais à l'heure d'aujourd'hui, je n'en avais absolument rien à faire.

Voulant montrer qu'elle gardait le contrôle de la situation, elle sourit et s'approche de moi avant d'effectuer une tape dans mon dos comme si elle était fière de moi.

En effet, c'est pour cette raison que tu vas nettoyer la bibliothèque de fond en comble et tout reclasser dans l'ordre alphabétique avant de revenir ici.

- C'est tout à mon honneur, dis-je sarcastique.

***

C'est dans des moments comme celui-ci, que je maudis ma grande bouche.

Assise devant les 100 millions de livres de la bibliothèque "publique", poussiéreux et rempli de toile d'araignée, je me demande dans quel merde je me suis mise. Tante Krisha avait bien-sûr fermé la porte à clé toute en disant: "Tu m'appeleras quand se sera terminé" ce qui voulait dire jamais.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant