Chapitre 23

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Bon, tu te couches ou tu relances ?

Assise derrière la table de poker, caché dans un coin du bureau de Giovanni, je regarde son visage impassible, tentant de me faire croire qu'il dominait la partie. J'avais en ma possession un As de pique et la Reine de pique. On venait de poser la « turn » sur la table, qui était la quatrième carte avec laquelle je pouvais faire une combinaison. Sur la table se trouvait un Roi de pique, un quatre de cœur, un dix de carreaux et un valet de pique. J'allais gagner encore une fois.

Je relance, lâche-t-il dans un air de défi, en posant plus de jetons que moi au centre. Je pose la « river ».

Alors que sa main se dirige vers la pile, je prie pour que ce soit le dix de pique. Je pourrais ainsi le liquider en utilisant la main la plus forte qui existe au Poker : la Quinte Flush Royale. Dans le cas contraire je n'avais rien à craindre, je gagnerais tout de même en faisant une quinte, avec la présence du dix de carreau.

Je mords ma lèvre inférieure, impatiente de découvrir la dernière carte et à mon plus grand bonheur, c'est bien le dix de pique qu'il pose sur la table. Si ce n'est pas de la chance ça...

Ne laissant rien paraître, je rejette un coup d'œil à mes cartes pour le rendre fébrile, avant de lui montrer mon plus grand sourire.

Tapis, dis-je en poussant toute mes jetons au centre de la table sous son regard surpris.

Ah ouais, tu es si sûre de toi ? réplique-t-il alors que je me cale à ma chaise comme si j'étais toute puissante. Tapis aussi.

- Tu aurais dû m'écouter quand je t'ai dis d'abandonner, prononce-je en dévoilant mon jeu. Quinte Flush Royale, t'es mort.

Il se lève en jurant. Cela faisait maintenant quelques jours qu'on s'était pris de passion à jouer ensemble. Uno, échec, poker, on les enchaînait sans nous en lasser. Malheureusement pour lui, j'étais la seule d'entre nous deux à sortir victorieux de ces défis.

Je me demande quand tu vas comprendre que tu ne peux pas me battre, murmure-je en sachant très bien qu'il allait m'entendre. Ouvre les yeux, tu perds à chaque fois.

Ni une ni deux, il me court après et sans que je puisse rien faire, je me retrouve coincé sur le canapé sous une avalanche de gui-li. Quand, il s'arrête, après ce qui me paraît être une éternité, je tente de reprendre mon souffle alors que son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien.

Depuis qu'on s'est excusé l'un de l'autre, une sorte d'alchimie s'est installée entre nous. Dès qu'on avait du temps de disponible on allait voir l'autre pour le taquiner ou juste avoir de ses nouvelles. Le soir, on passait notre temps à débattre de livres, musique ou artistes qu'on connaissait et ensuite on jouait à des jeux.

Je détourne la tête pour éviter ce qu'au fond de moi, et de nous deux, voulions sans aucun doute. Pourtant, dès l'instant où nous nous rapprochons ainsi, l'image d'Amanda n'arrête pas de me revenir en tête. A ma connaissance, il ne lui avait pas parlé depuis notre réconciliation, et en soit c'était une bonne chose mais cela ne me garantissait rien.

Bref, dis-je en me redressant. J'ai entendu que tu allais t'occuper du barbecue aujourd'hui, c'est vrai ?

Beaucoup de choses avaient changé et pas seulement notre relation, mais aussi l'organisation du palais . Après notre altercation, tante Krisha avait disparu et Shirel a sauté sur l'occasion pour prendre son rôle. Dès lors, elle a donné à chaque humaine une chambre décente et a changé notre façon de vivre en nous donnant des pauses, des vrais repas et des heures de travail convenables, tout cela bien-sûr dans la discrétion la plus totale. Elles étaient toutes conscientes qu'avoir Shirel en tant que « chef » était une chance et qu'elle faisait cela alors que c'était interdit. Elle avait réussi à gagner la confiance de toutes les humaines et je savais à présent que quand je partirais, je n'aurais pas à m'en faire à propos de ça.

Même si tu ne m'aimes pas [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant