Chapitre 23: Affliction

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Avec Jean nous nous étions mis d'accord pour partir le lendemain à 10h. Il était déjà bientôt l'heure de partir. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Comment aurais-je pu dormir en sachant pertinemment que j'allais annoncer à une famille jusqu'à présent tranquille et heureuse qu'il ne verrait plus jamais leur fille ? Je n'avais en plus de cela aucune réponse à leur offrir. Je ne savais pas ce qui était arrivée à Lina, et je ne le saurais sans doute jamais... Je sais que je ne devrais pas m'en réjouir, mais savoir que Jean était avec moi et qu'il allait traverser la même chose me réconfortait et me donnait du courage. Je ne devrais pas penser ainsi. Mais c'était plus fort que moi. La veille nous étions allés informer notre supérieur que nous acceptions de nous rendre délivrer la nouvelle aux familles des défunts. On nous avait alors remis une enveloppe. La fameuse lettre qui allait être envoyer aux familles des défunts si nous ne nous étions pas décidés à nous y rendre nous-même. En la prenant, je pouvais sentir qu'il avait été mis à l'intérieur de l'argent. C'était sûrement l'argent qui était censé compenser la perte du soldat. Je tenais la lettre dans ma main. J'étais en train d'attendre Jean aux écuries. J'étais en avance. La lettre semblait si légère dans ma main. La somme à l'intérieur représentait donc la valeur de la vie de Lina. Peu importe ce qu'il y avait à l'intérieur de cette lettre. Peu importe la somme, elle était dérisoire. Lina représentait beaucoup plus. Aucune somme d'argent ne pouvait la représenter convenablement. Elle était bien plus que cela. Elle sera irremplaçable. C'était une personne qui respirait la joie de vivre. Je poussais un soupire et rangeai la lettre dans ma poche.

Je vis alors Jean arriver. Lui aussi n'avait surement pas fermé l'œil de la nuit. Il avait le visage cerné et des petits yeux. La journée allait être longue et difficile moralement. Nous n'avions pas envie de faire ce que nous étions sur le point de faire. Personne n'était préparée à cela. Et personne n'aurait aimé être à notre place. Mais pour nos amis nous devions le faire. J'avais beau avoir réfléchit toute la nuit à ce que je pouvais bien pouvoir dire à la famille Koch mais j'étais toujours autant perdue. Je ne savais pas comment leur annoncer la triste nouvelle. Quel mot choisir pour au moins atténuer cette douloureuse vérité ? Je ne savais pas et ça me rongeait de l'intérieur. Sans un mot nous prîmes une monture chacun. Et nous nous dirigeâmes en ville.

Le silence était pesant. Mais aucun de nous deux n'avaient envie de parler. Plus nous nous approchions de notre destination et plus mon cœur s'emballait. Je ne voulais pas être là. Je voulais disparaitre. Je n'étais pas assez forte pour affronter la famille de Lina. Nous avions décidé la veille qu'il était plus judicieux de nous rendre chez les Koch avant la famille de Marco. Après cela nous irons chez la mère de Jean où nous passerons la nuit avant de retourner aux camps d'entrainement. Jean menait la route, bien qu'il ne s'était jamais allé chez Lina. De temps en temps, il se retournait et me demandait dans quelle direction nous devions aller. Sa présence était rassurante mais cela restait insuffisant. Un nœud s'était formé dans mon estomac. Je n'avais rien mangé mais j'avais envie de vomir. A chaque instant, j'étais prête à m'effondrer en sanglot. Mais je devais rester forte jusqu'à ce que je délivre la lettre en main propre. Je devais au moins rester forte pour la famille qui avait perdu un être cher.

Nous arrivâmes enfin devant la maison. On pouvait entendre des rires s'y échapper. Je restais un moment à regarder la maison. Je me remémorais la fois où j'étais venu passer des vacances. Jean était descendu de son cheval et l'avait attaché à un poteau en bois. Il attendit patiemment et ne me brusqua pas pour que je descende du miens. Une fois descendu, il attrapa la bride de mon cheval et l'attacha près du sien. Il s'approcha de moi et posa une main sur mon épaule :

« Tu peux le faire » me dit-il d'une voix douce.

J'acquiesçai simplement de la tête.

« Est-ce que tu veux que je t'accompagne ? » me demanda-t-il alors.

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