Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~

Chapitre 58

Pendant que Connie et Jean déjà descendus serrent leurs mères dans leurs bras, j'aide Livaï à descendre les marches, lui tenant fermement son bras de libre. Je n'arrive pas vraiment à réaliser qu'on est de retour ici, un an et demi après la fin de la bataille. Ça aura été long, mais finalement, nous voilà de retour sur notre île natale. Les choses n'ont pas vraiment été simples depuis. Mon séjour à l'hôpital à la suite a été un tournant décisif dans ma vie. Eren avait bel et bien raison, ça valait vraiment la peine. Les six mois sont passés. Les neuf aussi. Peut-être que ça se rapproche à grand pas maintenant, mais ce qui est certain, c'est que je n'ai rien perdu à accepter de revenir à la vie.

- Bon retour sur l'île, héros du monde.

On s'est tous alignés face à Historia juste après que les retrouvailles avec leurs familles se soit terminées. C'est un peu à cause de moi qu'on est ici. J'ai insisté pendant des mois pour qu'on nous laisse rentrer sur l'île prématurément malgré les tensions qui y règnent encore, et le risque qu'on cherche à se venger de notre trahison. Au regard des pro-Jaëger encore en vie, c'est comme ça qu'ils définissent notre choix d'aller arrêter Eren. Malgré le pacte de paix qui s'apprête à être signé, la situation sur Paradis a été quelque peu anarchique à la suite de la bataille. Une armée de pro-Jaëger anti-mahr a été instaurée, complètement en décalé de celle qu'Historia s'évertue à maintenir debout malgré les tensions exercées sur la monarchie.

- Arrête ça Historia ! M'exclamai-je. Tu vas nous mettre mal à l'aise ! Nous ne sommes pas ici en temps qu'anciens soldats, tu le sais bien !

Elle s'esclaffe discrètement pour regagner son naturel doux qu'elle s'efforce de cacher à chaque fois qu'elle endosse son rôle de reine. Elle a changé. Son regard autrefois me paraissait un peu vide d'émotion, depuis la mort d'Ymir constatée au travers de la lettre qu'elle lui avait fait parvenir en passant par Reiner. Mais il semblerait que devenir mère ait ravivé quelques étincelles dans ses yeux, et ça fait du bien de la voir comme ça.

- C'est bien vrai, renchérit-elle. Je me suis demandée longuement comment je pourrais bien vous accueillir. Mais finalement je crois que celle-ci était la pire des façons.

Avant tout, nous sommes de retour sur l'île pour rejoindre Mikasa qui nous a quittés le jour de la bataille, après avoir mis fin aux jours d'Eren, afin de lui trouver un endroit idéal pour y installer sa sépulture. Nous ne l'avons pas revue depuis ce jour-là. J'aurais aimé pouvoir la soutenir dans l'épreuve du deuil, mais je n'ai malheureusement pas pu. Et même si j'en avais eu la possibilité, je n'en aurais peut-être pas été capable. Les mois qui ont suivi ont été difficile à porter pour moi aussi, pour nous tous. Nous avions à faire le deuil d'Hanji et d'Eren à la fois. C'était un peu trop pour nous. Personne n'a été capable de soutenir qui que ce soit. On s'est tous débrouillés seuls dans notre coin, pour en sortir par nous-mêmes.

- Je suis heureuse de vous revoir comme ça, vous semblez avoir tourné la page, malgré toutes les difficultés par lesquelles vous êtes passés, continue-t-elle.

- C'est du passé maintenant, lui répond Livaï. Contentons-nous de garder notre histoire en mémoire pour pouvoir la conter aux générations futures.

Elle hoche la tête. Je ne compte pas le nombre de discours, de témoignages, de réunions... que nous avons eu à faire à la suite de ça. C'est aussi ce qui nous a compliqué un peu la tache de nous en remettre. Ressasser constamment les évènements, en répétant inlassablement la même histoire, ça nous a juste forcés à nous souvenir des moindres détails de cet horrible jour.

- Je sais pas vous... intervient Connie. Mais il fait un froid de canard là. Et si on grimpait vite dans le train ? Mikasa nous attend.