Chapitre 1

1.4K 59 31
                                    

Des cris. Des pleurs. Du sang. Partout. Il y en avait partout autour de moi. J'étais agenouillée sur le corps sans vie de ma mère. Pleurant. Hurlant de douleur. J'avais si mal. J'ai eu si mal. Elle avait rendu son dernier souffle.

- Debout fainéante ! On me crie dessus en m'arrachant ma couette, me plongeant dans un terrible froid matinal.

Extirpée de mon cauchemar douloureux, je marmonne à mon interlocuteur que je ne connais que trop bien.

- Je suis pas d'humeur Mat'... je veux rester au lit toute la journée... dis-je sans détourner mon visage de l'intérieur de mon oreiller.

- Tu es malade ?

- Non.

- Alors debout !

Il m'arrache cette fois-ci mon oreiller et le balance à l'autre bout de la pièce. Je n'ouvre cependant pas les yeux toute de suite.

- Il est quelle heure ? Continuai-je à marmonner, encore dans les vapes.

- L'heure de bouger ton cul et de t'habiller.

- Mais j'ai pris ma journée Mat'. Aujourd'hui tu sais bien que c'est...

Je le sens s'accroupir jusqu'à mon visage, et je sens son regard fraternel sans même avoir à ouvrir les yeux.

- Bon sang Amélia qu'est-ce que tu es agaçante.

- Je suis même terriblement chiante, rétorquai-je insolemment.

- Si tu te lèves, on ira en ville se prendre un petit déjeuner en terrasse. Aller, il fait super beau, je suis sûr que tu rêves d'un bon thé accompagné d'un bon croissant.

- Je n'aime pas le thé Matthieu Harmand... ça fait seize ans. Tu n'as toujours pas retenu cette information ?

J'ouvre enfin les yeux, remarquant qu'il s'était relevé et attendait patiemment, assis sur mon bureau que je me lève.

- Un jus de fruit alors. Qu'est-ce que tu dirais d'un bon jus de pomme fraîchement pressé ?

Je me redresse pour m'asseoir sur mon lit, tout en me frottant les yeux pour me réveiller pour de bon.

- Bon tu as gagné, je m'habille et je te rejoins, attend-moi dehors... lui dis-je la voix encore rauque de ma nuit.

Il me sourit, fier d'avoir vaincu ma flemmardise, puis quitte la pièce sans rien ajouter de plus. Rapidement je m'habille. Pas d'uniforme aujourd'hui. C'est un jour de deuil. Voilà cinq ans tout pile que j'ai perdu mes parents. Voilà cinq ans tout pile que l'humanité a reculé jusqu'au mur Rose. Perdant nombreuses de ses terres agricoles, et perdant vingt pour-cent de sa population.
Je m'habille donc tout en noir.
Ce qu'il s'est passé à la suite de ça, ce n'est pas bien compliqué. J'ai appris la mort de Carla Jaëger. Eren, Mikasa et Armin ont pu rejoindre le district de Trost à temps. Puis ont travaillé aux terres défrichées pendant deux ans. A l'heure actuelle, ils sont sur le point de terminer leur formation de soldat qu'ils ont entrepris il y a trois ans.
De mon côté, j'ai longtemps porté le deuil de mes parents. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre. Le corps de mon père n'a jamais été retrouvé. Mais ma mère me l'avait dit, il était mort.

J'ai été promue soldat d'élite de la garnison. Ils ont jugé que le fait que j'ai gardé mes facultés de discernement et de réflexion durant toute l'opération d'évacuation faisait de moi un puissant soldat. C'était bien vrai. A la suite de la découverte de ma mère, j'avais pleuré dix minutes, même hurlé. Puis je m'étais remise debout, avait essuyé mes larmes, m'était enfermée dans une solide carapace, et avait effectué mon travail comme si de rien n'était. Ce n'est pas que je ne souffrais pas, au contraire, mais je le devais. Je m'en sentais capable. Malgré tout ce par quoi je passais à ce moment-là.

Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant