Chapitre 59

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- Amélia ! Est-ce que ça va ?

Jour 6.
Je viens tout juste d'être prise d'une douleur aigüe dans la poitrine, accompagnée de vertiges puissants et d'un malaise respiratoire. Je suis tombée en marchant dans le couloir. Ma vision s'est noircie brusquement, à l'apparition de cette douleur qui m'en a coupé la respiration, comme si on m'avait frappée brutalement dans le dos. Je ne sais d'ailleurs pas si elle vient de mon cœur ou bien de mes poumons. Impossible de la localiser précisément, car elle si intense qu'elle se diffuse dans tout ce qui entoure son centre. Ça fera bientôt un mois que nous sommes de retour sur l'île. Le mois de janvier s'est terminé. Et je me demande maintenant continuellement si je verrai les vingt-huit jours qui composent le mois de février s'écouler.

- Eh ! Est-ce que tu m'entends ? Me secoue Armin. Mikasa, viens m'aider !

C'est vrai. La courte inconscience m'a fait perdre le fil des choses. Nous sommes chez Mikasa pour un goûter comme on le fait chaque samedi depuis notre retour. J'étais simplement partie aux toilettes pour calmer une toux.

- Armin ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le contrôle de mon corps me revient, mes muscles se raidissent lorsque je dois encaisser un nouveau pic de douleur. Mais ça suffit à me faire reprendre conscience. Ma tête tourne encore, à une vitesse nauséeuse, je me retourne pourtant sur le dos. Je ne prends pas la peine d'ouvrir les yeux, sentant le regard d'Armin et Mikasa sur moi. Je n'ai pas la force de leur parler, sentant mes bronches enflées plus que jamais. J'ai si mal. Je prends pourtant toujours les anti-douleur. C'est le seul traitement que je n'ai pas arrêté. Mais ils ne suffisent pas. Visiblement, les anti-inflammatoires ne sont pas si efficaces que ça pour apaiser les inflammations.

- Eh, qu'est-ce qu'il se passe là-haut ?

Le faites pas venir, s'il vous plaît, c'est rien. Dans cinq minutes ça ira mieux. Ça ne vaut pas la peine qu'il monte les escaliers pour moi. Je déteste lui offrir ce genre de spectacles. Je ne supporte pas son regard de détresse qu'il m'envoie à chaque fois que ce genre de choses surviennent. Je voulais les éviter dès le départ, c'est pire que les regards qu'il m'adressait à l'époque où je pleurais la mort de Matthieu.

- Elle est tombée par terre d'un seul coup ! Lui répond Armin.

- Qu'est-ce qu'on fait ? On va chercher un médecin ? Demande Mikasa.

Je lève une main, pour leur signaler que ça n'est pas nécessaire. J'ouvre les yeux, malgré mes vertiges encore présents. Armin est accroupi juste à ma droite. Mikasa, debout, m'observe l'air désemparée. Je m'appuie sur mes paumes, et me tourne pour m'assoir contre le mur. Doucement, j'inspire, puis j'expire.

Inspiration. Un, deux, trois, quatre, cinq. Expiration.
C'est un automatisme chez l'humain, et c'est merveilleux. On peut dormir sur nos deux oreilles sans douter de l'incroyable machine qui nous constitue. On ne s'arrêtera pas de respirer même au repos. Pour la plupart. Quand tout va bien, quand on est en pleine santé. Pour ma part, respirer n'a plus rien d'un automatisme, je respire parce que j'y fais attention. Ça rend mes nuit difficiles. J'ai l'impression de ne pas vraiment avoir dormi depuis une éternité, bien avant ma décision de lâcher prise. Je ne peux pas m'endormir paisiblement en faisant confiance à mon cerveau pour faire fonctionner mes poumons épuisés.

J'essuie le sang qui coule de mon nez dans ma manche. Je referme un instant les yeux, pour m'isoler du monde et me concentrer sur ma respiration. J'expulse l'encombrement de mes bronches, me les brûlant au passage, et je reprends l'exercice.

- Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux aller te reposer ? Tu veux un verre d'eau ? Me demande Armin.

- Ça ira, répondis-je difficilement. On n'allait pas tarder de toute façon.

Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant